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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

La nouvelle "La Népenthe", par J. Joseph-Renaud, fut publiée en 2 parties dans Le Conteur populaire n°170, du 7 janvier, et n°171, du 14 janvier 1909. Les illustrations sont de Tofani.

Pascal Kremer nous signale que ce texte fut réédité, en édition limitée, par Les Presses d'Ananké.

Jean Luc Boutel a d'ailleurs mis en ligne dans le Club des Savanturiers un scan de cette édition de novembre 1986. Il nous précise aussi que "La Népenthe" est disponible dans le recueil de nouvelles "Le Chercheur de merveilleux" publié en 1907 chez Calman Levy.

Ajoutons à cette liste bibliographique, que cette nouvelle fut aussi publiée dans La Revue Moderne n°4 de août 1939.

Extrait de "Le Mouvement littéraire 1907 (Petite chronique des Lettres)" de Ph.-Emmanuel Glaser, publié en 1908 par la Société d’Éditions Littéraires et Artistiques / Ollendorff :

"J. Joseph-Renaud - Le Chercheur de merveilleux. Dans ce volume M. J. J. -Renaud a réuni toute une série de contes fantastiques, dont le mystère oppresse et trouble, et devant lesquels le lecteur éprouve un sentiment mêlé d'angoisse et de curiosité intense et ravie ; un peu comme les enfants qui vous demandent en tremblant des « histoires qui font peur ». Dès le seuil de son livre, M. J. Joseph-Renaud a donné un souvenir au maître du genre, à Edgar Poe, auquel il emprunte cette épigraphe : « Il nous oppressait par la terrible nouveauté de l'émotion. »

Elles sont terrifiantes en effet ces histoires du « Violon de l'enlizé » englouti par les sables mouvants et dont la mélodie persiste encore, étrange, douloureuse et mortelle aux promeneurs qui l'entendirent ; du « Népenthe », cet arbre fantastique qui dévore les moutons, les brebis et les hommes ; de l'ensorceleuse « Fatima » au pouvoir magique et meurtrier ; celles aussi des revenants, des fous et des fantômes qui s'agitent éperdument à travers ces pages.

Mais M. Joseph-Renaud a su mettre dans tout cela une note très personnelle et très originale de clarté, de verve et de lumière ; ces histoires sont affolantes, mais on sent que leur auteur n'a point perdu la tête : il est resté très maître de lui, de son style et de sa pensée ; de temps à autre il semble qu'il vienne rassurer son lecteur et lui rappeler qu'il est là, qu'il ne l'abandonne pas au cours de cette périlleuse promenade dans les ténèbres..."

* * *

La Népenthe

L'humanité, l'animalité, comportent du mystère, de la joie, du drame. Mais qui ne plaisanterait le botaniste voulant nous intéresser à des aventures de plantes ?... On n'attribue à la flore qu'un rôle de charme, de grâce ; elle est, surtout au printemps, la précieuse ressource des poètes. A peine peut-elle prétendre, sous forme de forêt, à la majesté. On la méconnaît. Car si, quelque collaboration humaine intervient, elle offre aussitôt une horreur indicible : j'entends une collaboration intelligente ! d'ordinaire on ne guide les plantes que vers la sempiternelle et fade grâce... Pourtant elles se muent avec tant de bonne volonté en monstres ! Elles ne demandent qu'à se rapprocher de nous, qu'à devenir féroces... Combien de faits précis le démontrent ! En voici un ; il commence en un décor lunaire analogue à celui où l'autre s'acheva.

Rappelez-vous que je ne me départis pas de la plus stricte exactitude et qu'en toutes choses l'invraisemblable est souvent le vrai.

La pleine lune, aveuglante sur l'étendue des sables, semblait le soleil refroidi des dernières époques du monde. Vers les cabines oubliées depuis octobre, vers leurs ombres parallèles, vers quelques noires coques hors d'usage, la marée montait, par nappes longues d'écume argentée sous de périodiques éclairs de phares. Sa respiration râpeuse bruissait, s'apaisait.
Sur la falaise, le village serré autour de l'église brillait de tous ses toits en désordre.

Solitaire, plus haut encore, au faîte du roc une énorme habitation carrée qui dominait des lumières de son deuxième étage les grands murs protégeant son parc, ne dormait pas. Une automobile venait d'y pénétrer après avoir peiné au lacis de la côte...

Dans un hall éclairé de hautes lampes, des liens maintenaient à un fauteuil un jeune homme en habit de soirée. Autour de celui-ci, une femme et trois hommes. Dans la face spectrale du prisonnier, la fine moustache adolescente semblait noircir : les yeux étaient fixes et plaintifs... Sa cravate blanche, défaite, pendait ; de la boue séchait sur les cheveux en désordre, sur le gilet blanc déchiré, sur le pantalon. Au revers moiré de l'habit une orchidée demeurait, crispée, violâtre...

— Monsieur Henri de Laverdière, encore une fois toutes nos excuses !... mais nous servons notre pays et il nous faut le texte de cette clause secrète et militaire de l'Alliance... Un général l'a rédigé, un ministre l'a signé, un attaché d'ambassade, qui est vous, l'a recopié. Le général, le ministre sont hors d'atteinte. Il a bien fallu que nous nous en prenions à l'attaché... Ne regardez pas si durement cette pauvre Mily. Elle aussi sert sa patrie !... Hier soir, en sa petite maison de Ville-d'Avray, vous avez trouvé non le couronnement d'une flamme, oh ! bien compréhensible, mais l'obligation de livrer un secret d’État... dit très militairement un des hommes, qui ressemblait pourtant, grâce à ses favoris, ses longs cheveux gris et ses lunettes d'or, à quelque professeur d'université autrichienne.

— Vous ne saurez rien ! haleta le prisonnier.

Et son regard revint vers la femme rousse, très belle, enveloppée d'un manteau, et qui écoutait, les yeux à terre.

— Croyez-vous ?... Votre intérêt n'est pas de vous taire. Ne nous contraignez pas à de pires rigueurs ! A Ville-d'Avray déjà, vous avez gardé obstinément le silence : il nous a donc fallu vous emmener ici en automobile, ligoté à l'un des sièges, recouvert d'une pelisse et bâillonné sous un masque de chauffeur... Impossible aux passants, et même aux gabelous qui jaugèrent notre essence, de se douter que ce chauffeur un peu étrangement immobile eût bien voulu crier : « Au secours ! »

— Ces cordes me torturent... et j'ai faim !...

— Déliez-le.

Les deux autres, des subalternes taillés en hercules, exécutèrent l'ordre. Le prisonnier s'avança. Mais sa faiblesse était extrême ; pour lui, le plancher oscilla, les clartés s'éloignèrent, les sons fuirent. Il tomba doucement.

Il reprit conscience assis dans le fauteuil.

— Eh bien ? Plus besoin de cordes !... Une belle diète, une belle fatigue, le grand air : on ne résiste pas à cela... Songez que nous avons mieux !... Mais parlez donc ! C'est si simple !... Indiquez-nous grosso modo, les bases de cette convention de guerre, et vous êtes libre !... Votre involontaire complicité nous garantira votre silence... Et rentré chez vous, une compensation importante vous parviendra...

Les lèvres du jeune diplomate esquissèrent : « Misérable ! ». Des étincelles blanches pétillaient encore dans sa vue ; des roulements se prolongeaient dans ses oreilles... Et de ses poignets meurtris du sang gouttelait.

— Alors, puisque vous vous obstinez, nous allons, mon cher enfant, vous faire connaître Suzanne, une bien charmante personne !... Mais d'abord, je me présente : le docteur Carlovitch ! Oh ! c'est un surnom... Ces messieurs sont mes amis et collaborateurs... Allons, venez !

Sa voix était devenue soudain mielleuse, ironique, effrayante...

Les deux colosses soutinrent la marche hésitante du patient.

La femme rousse demeura. Elle se détourna un peu, les yeux toujours au sol, quand le captif passa près d'elle...

Dans une encoignure s'offrait un tournoyant escalier de fer. Ils descendirent dans les ténèbres. Une lourde porte métallique s'ouvrit...

Une bouffée d'air tiède, sentant l'eucalyptus, les caressa ; ils foulèrent le sable fin d'une allée, dans la résonance, les échos, d'un vaisseau très vaste... Lointaine, au fond du silence, une source bredouillait.

Dans les ténèbres, l'étrange docteur tourna des commutateurs électriques.

S'illuminant soudain, par zones successives, une immense serre surgit autour d'eux... Sa réelle profondeur, en tous sens, était indiscernable. De quelques perles Edison, lointaines et bien dissimulées entre les branches, ne descendait qu'une pâle lueur crépusculaire. Les perspectives vertes s'emmêlaient, reculaient à l'infini. Là-haut, jaillies de troncs ignorés, de colossales feuilles longues retombaient doucement du bout, en coupoles, et, au-dessus, d'autres s'entrevoyaient, puis d'autres encore... Autour, à toute hauteur, partout, c'était un fantastique hérissement qu'on hésitait à croire végétal ; ne vivaient-elles pas, ces pieuvres crispées comme d'une impuissante rage, et ces araignées hautes d'un mètre, tapies, prêtes à bondir ?... Un fouillis de bêtes effrayantes habitait cette forêt équatoriale à la chaude haleine, parmi des reflets, des ombres, des apparitions, des gouffres... Des palmiers filaient vers leurs sommets à peine visibles, velus comme des ours, glabres comme des cannes à pêche. Une longue mare luisait, mirant sombrement les plantes horribles penchées sur elle ; tout au bout, une source y bredouillait avec un continuel gargouillis de cruche qui s'égoutte...

Des lianes pendaient, tels des serpents attentifs... Le gargouillis de la source alourdissait le silence... A la chaleur artificielle, cette flore venue des climats torrides ajoutait une senteur endormante, à la fois de pourriture et parfumée... Rien des bruits extérieurs, ni la respiration caillouteuse de la mer ni la clameur du vent, ne pénétrait en ce tombeau, mais on croyait entendre crépiter l'intense vie de toutes ces plantes exotiques — si crûment verdâtres sous la pâle clarté électrique...

Évidemment, ce jardin inouï était le luxe et la tendresse du docteur. Il arrêta plusieurs fois la marche du groupe, pour nommer, avec une sorte d'ironique déférence, des plantes rares au captif qui haletait en cette tiédeur de calorifère, en ces émanations tropicales.

L'extrémité de la serre était obscure ; à peine discernait-on qu'elle formait, selon un aménagement récent, une rotonde analogue à celles qui renferment les singes dans les jardins zoologiques, mais plus puissante de treillage et renforcée ça et là d'énormes barreaux.

Une appréhension tira le jeune diplomate de sa torpeur. Il se redressa... Derrière le grillage, l'ombre s'agitait, susurrait. Il en venait une odeur plus forte, sucrée, écœurante, un peu celle des bananes blettes, des lis ou des dahlias quand ils pourrissent — et aussi comme un relent de fauve... on se fut cru près d'une ménagerie...

Le docteur dit, de ce singulier ton pédant qu'il avait pris :

— Maintenant, charmant jeune homme, permettez-moi de vous présenter à Suzanne !

Il tourna un énorme commutateur Au faîte de la rotonde grésilla un astre électrique. Et, sous l'éblouissante lumière blanche, surgit une sorte d'arbre gigantesque et trapu, et dont les branches sans rameaux remuaient lentement, comme des boas, ou comme les tentacules d'une pieuvre... Le tronc qu'on entrevoyait à travers l'agitation de ces membres épouvantables, semblait de marbre vert ; gros à la base comme un corps d'homme, il s'élargissait jusqu'à quatre mètres du sol pour se partager là en une centaine de branches longues, velues, constamment agitées, vivantes ; chacune, grosse comme un bras d'athlète, se terminait en une sorte de souple entonnoir habile à s'adapter puissamment sur les objets, à les saisir ; les plus courtes mesuraient sept à huit mètres...

Leur fourmillement colossal évoquait la faune antédiluvienne, ces énormes monstres de cauchemars — qui vécurent pourtant ! — et dont les formidables squelettes exigent des bâtiments spéciaux dans les muséums.

La terreur même de l'anthropoïde surpris par un mosasaure remonta, du lointain de la race, au moelles du prisonnier, instinctive, abominable. L'univers se résuma pour lui en cette formidable pieuvre végétale dont les tentacules n'ondulaient pas au hasard, mais selon un but conscient ; ils se tendaient vers le grillage. Certains s'allongèrent assez pour tordre des fils d'acier épais comme une cigarette...

— Hein, sans la grille !... D'ailleurs, il faudra reculer celle-ci. Suzanne grandit trop ! ricana le docteur.

Nul ne répondit. Malgré qu'ils la connussent, certes depuis longtemps, cette plante inouïe terrifiait visiblement ses aides. Il en émanait une épouvante matérielle.

Henri se sentait comme vêtu de coups d'aiguille. Quoi qu'il étouffât en cette puante tiédeur, ses dents claquaient.

Le docteur continua :

— Charmant jeune homme, vous voici un peu surpris ! Comme vous êtes plein du désir de vous instruire, je vais vous raconter Suzanne...

» — Vous avez ouï parler de cette plante sud-américaine que l'on nomme « Népenthe » et qui se nourrit d'insectes ?... Quand un moustique se pose sur de ses branches, l'extrémité de celle-ci le saisit et toutes se replient autour ; la plante l'absorbe ; elle a même une sorte de digestion pendant laquelle elle semble morte... J'en rapportai une du Brésil... Les jardiniers japonais parviennent à rapetisser des chênes, des pins, jusqu'à ce qu'ils n'aient plus qu'un mètre de hauteur. Je tentai l'expérience contraire sur ma Népenthe. J'essayai de donner à cet arbrisseau, à peine gros comme un rosier, les dimensions d'un arbre de nos forêts... Car j'ai remarqué, au Brésil, que les Népenthes qui se trouvent dans le voisinage d'une fourmilière, et qui par conséquent sont mieux nourries, acquièrent une taille surprenante...

» Je commençai par la gaver de mouches ; elle acquit vite plus de vigueur. Puis je lui offris des insectes de plus en plus gros, des guêpes, des araignées, des frelons, régime qui, en quelques mois, la fit grandir d'une vingtaine de centimètres. Alors, je remplaçai peu à peu les insectes par de menus morceaux de viande, Suzanne s'accrut considérablement ; sa hauteur, sa force avaient dès lors triplé.

» J'augmentai toujours la grosseur de ses repas... Bientôt il lui fallut un bifteck par jour, puis deux... Un jour, un moineau se percha sur elle : en quelques secondes, il disparaissait dans le fouillis avide et furieux des branches et désormais elle marqua une grande prédilection pour les proies vivantes.

» Je la nourris pendant un an de souris, puis de cobayes, puis de lapins. En plus, je fis répandre chaque jour autour d'elle plusieurs seaux de sang qu'on m'apportait de l'abattoir : Suzanne atteignit deux mètres.

» J'abrège : elle grandit de plus en plus et il finit par lui falloir des agneaux, puis des moutons, et des porcs ; sans parler de l'arrosage rouge, qui dut être doublé...

» Inutile de vous dire que depuis longtemps ce grillage protecteur entourait Suzanne... Car à peine haute d'un mètre cinquante, elle m'avait saisi, un soir, et à grand'peine m'étais-je arraché à son embrassade... Et si pareille aventure, se fut passée quelques mois plus tard, je n'aurais pas l'honneur d'être ici.

Le jeune diplomate se croyait eu proie à un de ces abominables cauchemars qui innovent dans l'horrible ! Il souhaita s'éveiller... Mais non ! il ne dormait pas !... Il était prisonnier, dans cet endroit d'horreur !... Et la source, au loin, au fond de la serre, dans le fantastique hérissement des plantes tropicales, palmiers, lianes, cactus, bredouillait toujours... Et l'effroyable plante cannibale balançait ses tentacules...

— Vous devinez l'utilité de Suzanne ? Si quelqu'un refuse de nous divulguer ce que notre devoir nous oblige à connaître... c'est votre cas... nous l'introduisons dans notre demeure, ficelé par un siège d'automobile, comme vous : nous le questionnons à nouveau ; s'il s'obstine, nous le poussons derrière cette grille ; puis nous partons... Pas de traces ! La plus minutieuse enquête ne mènerait à rien la justice... Ne suis-je pas libre de cultiver des Népenthes ?...

» D'ailleurs, croyez bien qu'avant de prendre ma retraite, je convoquerai les savants du monde entier à admirer Suzanne, à s'ébahir d'elle... Mon nom sera illustre... Comme on s'étonnera qu'un militaire ait eu à ce point le génie de l'horticulture ! Ha, ha !

Il ricana. Ses yeux divaguaient ; ses mains grimaçaient... Le monstre végétal avait-il déséquilibré le cerveau de ce savant amateur ?

Il reprit :

— Eh bien, une dernière fois, je demande : « Cédez-vous ? »... Si oui, nous sommes tout oreilles... Si non, Suzanne se chargera de vous... Et elle a faim ! Voyez comme ses branches ondulent avec gourmandise ! Comme elles se tendent vers vous ! Oui, vers vous !... Car elle comprend très bien que vous êtes la proie... Tenez, elle sent plus fort !... et elle chante !...

En effet, la puanteur de ménagerie s'accroissait. On se fût cru chez Pezon ou Bidel. Et les tentacules velus, en se développant, en s'enroulant, produisaient un crissement, multiple et léger, analogue au gazouillis d'un départ d'hirondelles.

Henri de Laverdière éprouvait une de ces terreurs inouïes qui peuvent blanchir les cheveux du plus brave. Mais l'imminence du péril lui conservait quelque lucidité. Que faire ? D'abord gagner du temps ! Sinon, cette minute serait la dernière de sa vie...

Avec l'accent de quelqu'un qui se décide enfin et avec peine, il déclara :

— Soit... Je vous expliquerai toute la convention secrète... Mais je défaille, donnez-moi d'abord à manger !

Le docteur salua.

— Bravo !... Voilà qui me ravit... j'eusse regretté de... Nous allons vous faire servir un goûter qui vous déliera la langue... Quant à Suzanne, elle n'y perdra rien, la gentille !...

Un des colosses, rebroussa chemin. Bientôt il revenait, péniblement courbe sous le cadavre entier d'un bœuf dont la tête cornue oscillait. Il ouvrit une porte latérale, très basse, et y poussa son fardeau.

Dix tentacules happèrent et précipitèrent au sommet du tronc l'énorme paquet saigneux : tous l'étreignirent avec frénésie ; il disparut dans leur enchevêtrement. Un bruit abominable se prolongea, décrut... Mais les branches demeurèrent repliées ; la plante offrit l'aspect d'un monstrueux champignon.

— Elle eût mieux aimé que ce fût vous... Elle préfère ce qui vit ! dit, sérieusement, le docteur. Maintenant elle en a pour deux heures à rester ainsi, repliée, inoffensive. Elle digère. Puis les branches retomberont, s'agiteront, et il serait alors bien imprudent de se trouver à leur portée... Venez !... Vous excuserez si, en guise de salle à manger, je ne vous offre que mon laboratoire ; c'est ici un logis d'horticulteur.

Le laboratoire était une grande pièce aux murs peints en gris, et encombrée d'ustensiles pour la chimie, l'électricité, la bactériologie, etc. Certains avaient une forme très ancienne, et de Laverdière se souvint d'en avoir vu de semblables en des musées scientifiques avec l'étiquette « Alchimie ».

Les deux colosses ligotèrent à nouveau les jambes du jeune diplomate et son bras droit, puis l'assirent devant une table à dissection dont l'un d'eux repoussa les instruments. Sur l'étroit espace ainsi déblayé, le docteur posa du pain, du jambon, du fromage et une bouteille clé vin...

Vorace, de Laverdière mordit, broya, avala. L'odeur du pain l'enivrait. Le jambon fondait dans sa bouche comme un bonbon salé. Il but ; l'arôme d'un vieux bordeaux se précisa sur son palais...

Peu à peu, une bonne tiédeur l'envahit. Sa vie intérieure recommença. Optimiste quand même, il contracta ses muscles. Il ne désespérait pas d'échapper...

Si seulement... Mais en vain, parmi les instruments placés sur la table, chercha t-il un scalpel, un compas, quelque chose qui pût couper ses liens, devenir une arme. Rien !... Rien que des éprouvettes, des spatules, des flacons, des entonnoirs... Justement, les autres parlaient à voix basse, dans un coin, sans le regarder ; il eût pu... mais rien !... Seule, une fiole attira son attention : elle portait, sur une étiquette : « chloroforme ». Il l'empocha. Et contre une mort sans souffrances, il se sentit vaillant.

A sa dernière bouchée, le docteur Carlovich, assis, un carnet à la main, dit :

— Nous vous écoutons.

Il restait un peu de vin dans la bouteille. Le prisonnier le versa, le but, fil claquer sa langue.

— Vous avez une bonne cave, docteur !

— Oui... Et ?

— Alors, canailles, vous supposiez vraiment que j'avais quelque chose à vous dire ?... J'avais faim, rien de plus.

La face viennoise du docteur se creusa de cent rides.

— C'est votre dernier mot ?... Pensez à ce que contient la grande cage !

— Elle contient de quoi me faire mourir, monsieur, voilà tout. Et cela ne changera rien à ma réponse.

... Quelques minutes ensuite, porté par les deux colosses, il était devant la rotonde. L'arbre abominable sommeillait toujours, ses tentacules repliés. Mais quel réveil, bientôt !...

Une grande porte fût déverrouillée. On déposa le captif contre le tronc qui — horreur ! — était tiède comme un corps vivant...

L'ouverture reclose à double tour :

— Je regrette votre entêtement, monsieur, dit le docteur, dont l'exaltation semblait calmée comme celle de la bête.

Il s'inclina, et s'en fut. Les deux aides, raides, firent le salut militaire, puis demi-tour...

Resté seul, le prisonnier eut pour premier soin de fuir l'odieux contact tiède ; il y parvint peu à peu, en se roulant sur le côté ; il ne s'arrêta qu'à l'angle le plus éloigné de la plante.

Oubli ou cruauté, l'électricité n'était pas éteinte, elle inondait crûment la serre immense, la rotonde ; parfois, elle grésillait. Au loin, au fond des perspectives tropicales, la source s'obstinait dans son continuel gargouillis de cruche qui s'égoutte...

Perdu ! Il ne se le dissimulait pas : nul espoir ne subsistait. La bête épouvantable bientôt s'éveillerait de sa digestion... et quelle mort !... Il pensa au chloroforme dérobé. Au dernier moment il le respirerait, il s'anesthésierait. De sa main libre, il prit la fiole dans sa poche et la laissa quelques secondes débouchée : une fraîche odeur de reinette domina la puanteur du monstre...

Mais de sa jeunesse très sportive il lui demeurait une ténacité violente, une confiance dans l'issue de toute lutte soutenue jusqu’à la fin. Il « n'abandonna » pas. Si horrible que fut sa situation il voulut combattre.

On l'avait assez mal lié. En peu de minutes et au prix de quelques écorchures, il fut libre.

Actif, se concentrant dans cet effort suprême, il secoua la porte basse, puis la grande ; elles résistèrent. Il voulut enfoncer le grillage ; pas une maille ne céda. Il tenta de grimper, et s'ensanglanta inutilement les mains. D'ailleurs les tentacules l'eussent atteint au faîte même de la rotonde... Il voulut creuser un passage, de ses ongles meurtris ; et il constata vite que la grille s'enfonçait profondément dans le sol.

Plus rien !... Attendre !... Il s'assit les coudes aux genoux, la tête dans les mains... Avec une étonnante précision, les beaux moments de sa vie lui apparurent. Sa première distribution de prix !... Ses succès de lycéen !... Des maîtresses !... des voyages !... Le doux visage triste de sa mère lui sourit aussi nettement que lorsqu'elle l'endormait, tout bébé, dans son petit lit. Que de choses il eût pu goûter encore, accomplir !

Un murmure extrêmement éloigné lui parvint : la mer... Ah ! ce crépuscule rose et vert, l'autre automne, sur les lagunes vénitiennes ! Il le contemplait passionnément, dans une gondole, serré contre une amie belle et artiste, qu'il délaissa pour Mily la meurtrière !... Et son vieux bonhomme de père, dans sa petite maison, quelle douleur la sienne quand... son vieux papa infirme, fier de lui...

Il faillit appeler, hurler, qu'il acceptait de trahir ! Mais, instruits du traité, ne l'eussent-ils pas quand même voué à la mort !

Que de douceurs dans l'existence ! Mily !... Mourir, si affreusement, par celle qu'il... Ah ! le sot !... Et sa tendresse pour elle ne le quittait point... Son souvenir lui brouilla la vue avec des larmes chaudes, enfantines, contracta sa pauvre figure ruisselante...

S'il pouvait écrire à la traîtresse toujours chérie ? Jeter au travers du grillage une note qu'on trouverait, ensuite... Dans sa poche, oui ! un crayon, du papier. Elle saurait que...

Il écrivit, en grosses lettres rondes, malaisément :

« Milly, je meurs sans haine. Je vous aime ! Et ma dernière pensée sera pour vous, ma toujours chérie, ma charmante ! Il vous souviendra plus tard que... »

A certains sifflements, il leva la tête. Abomination ! La plante ne dormait plus... On eût dit une énorme tête de Gorgone, un nid de serpents furieux. Les tentacules.s'agitaient. Leur force s'accrut. Ils s'orientèrent ; l'un plus vigoureux, s'abattit avant les autres sur Henri qui, fou d'horreur, déboucha le flacon de chloroforme et en appliqua le goulot sur ses narines...

Il n'exécuta pas ce mouvement sans quelque brusquerie, et une goutte du liquide anesthésiant jaillit sur le tentacule qui venait de le saisir à l'épaule... Surprise ! aussitôt, le bras végétal retomba le long du tronc, paralysé !... Instinctivement, Henri aspergea une autre énorme lanière qui s'enroulait à son cou ; elle retomba aussi comme morte...

Mais les autres tourbillonnent autour de lui, elles le saisissent, l'apportent, dans leur reploiement furieux au sommet du poulpe, dans la sorte de gueule, où, tout à l'heure disparut le bœuf... A demi évanoui, brisé de formidables étreintes, il lâcha la fiole.

Pesamment il chut sur le sol...

Il y demeura immobile, étourdi. Assez de lucidité lui restait pour qu'il s'étonnât... qu'arrivait-il ?... pourquoi les tentacules du monstre ne le broyaient-ils point ?... Après quelques secondes, il put penser, constater qu'il se trouvait par terre, meurtri mais vivant.

Il lutta contre un douloureux engourdissement, causé par la violence de la chute et l'odeur du chloroforme. Des nausées comblaient sa bouche. Il dégouttait de sueur froide.

Enfin, la vue lui revint et il aperçut l'arbre cannibale dans une attitude nouvelle. Toutes les branches tentaculaires pendaient vers le sol, perpendiculairement, immobiles, comme mortes : l'affreuse bête du docteur ressemblait à un saule-pleureur géant...

Il se trouvait à quelques centimètres de ces bras si féroces tout à l'heure ; quoiqu'ils semblassent inoffensifs, il se releva en hâte et se réfugia au plus lointain de la rotonde. Là, l'hébétude du chloroforme et de la chute décrut encore, n'exista plus... Il s'efforça de comprendre...

C'était facile !... La providentielle bouteille de liquide anesthésiant le sauvait au moins momentanément d'une mort abominable !... Un grand nombre de végétaux sont sensibles au chloroforme, et cet arbre carnivore, qui se rattachait en certains points à l'animalité, devait subir plus violemment que tout autre l'influence anesthésiante. Maintenant, une insensibilité, absolument analogue à celle d'un patient pendant une opération chirurgicale l'accablait, — mais ce n'était qu'une trêve ; il s'éveillerait de cette anesthésie comme de sa digestion, et le péril serait aussi effroyable.

Devant la mort, tout répit est précieux. Le prisonnier tenta encore d'ouvrir les portes et de grimper au grillage, dont les parties supérieures étaient peut-être moins solides. A nouveau, les fils d'acier ensanglantèrent ses doigts et la porte résista... Le monstre sommeillait, mais la fuite demeurait impossible...

Henri finit par s'asseoir, las, désespéré, il regrettait presque que tout ne ne fut pas terminé... Ce chloroforme n'aurait servi qu'à prolonger son agonie. Mourir pour mourir, mieux valait que ce fût vite...

Un temps s'écoula...

Une mystérieuse lueur bleue révéla un dôme vitré, puis le sommet des plus hauts arbres tropicaux. C'était donc aube. Le faux jour fin écœurant, horrible. Au loin, illusoire peut-être, un angélus, avec lenteur, tinta... La vaste rumeur croissante et décroissante de la marée augmentait. Tout près, des oiseaux pépièrent.

Henri, harassé, meurtri, les yeux brûlants, presque insoucieux de son sort, cédait peu à peu au sommeil...

Un bruit de pas le tira de sa torpeur, le précipita debout contre le grillage : au lointain de la serre, il distingua la silhouette du docteur Carlovitch s'avançant vers la rotonde.

Le terrible homme — le fou ! — allait constater que la victime vivait encore, appeler ses acolytes...

Le captif se dissimula derrière le tronc de l'arbre cannibale, et parmi les tentacules... Tel un enfant qui joue à cache-cache, il tournait, malgré son dégoût, autour de l'épouvantable tronc tiède, selon que le lacis des allées amenait plus à droite ou plus à gauche le pas du docteur.

Celui-ci devant cette attitude extraordinaire de sa « Suzanne » poussa une exclamation de surprise ; il resta un instant immobile, puis — l'espoir enivra Henri ! — il ouvrit la grande porte de la cage, qu'il laissa ouverte, et avec précaution il entra. Avec le bout d'une canne il taquina, de loin d'abord, les tentacules — qui continuèrent à pendre inertes comme des cordes...

Il se risqua plus près — et crut voir un fantôme. Henri avait bondi de la plante... Le docteur poussa un grand cri d'effroi et reçut à l'angle de la mâchoire et de l'oreille ce coup de poing définitif que les boxeurs nomment un swing.

Il tomba mollement sur le sol, évanoui ; du sang moussait à ses narines et à sa bouche entr'ouverte.

Henri se rua hors de la cage, courut au long du premier sentier qui s'offrit. Mais la serre était un parfait labyrinthe, ce sentier le ramena bientôt près de la rotonde ; il en prit vainement un autre, puis un autre encore ; enfin un dernier le conduisit à un immense vitrage, qui terminait la serre du côté de la grève. De la main, il enleva assez de buée pour apercevoir, sous une aube rosâtre, en bas, loin, comme dans un abîme, d'abord l'étendue pâle des sables, puis la poursuite verdâtre et tumultueuse des flots montants...

Ça et là, de grandes portes s'offraient dans le vitrage, il en ouvrit une ; le glacial petit matin, le grondement de la mer, l'étourdirent. Il se trouvait sur un minuscule balcon qui longeait l'édifice ; au-dessous, d'abord le mur lisse de la grande demeure, puis celui de la falaise également à pic, et que hérissaient des aspérités formidables...

En bas, du brouillard se délayait ; des oiseaux marins tournoyaient avec de brefs cris rauques...

Henri, pris de vertige, recula. La situation ne s'améliorait pas vite ! Comment descendre ?... Etait-il un autre moyen de fuite ? Il quitta le balcon...

Mais à peine eut-il marché quelques secondes dans la tiédeur endormante de la serre qu'il rebroussa chemin... Des pas, des cris, des appels se poursuivaient !... Certes, il lui restait encore quelques minutes, car les circonstances n'étaient pas assez claires, pour que ces quasi-domestiques se les expliquassent aussitôt ; ils devraient réfléchir et se concerter. Mais ils comprendraient trop vite devant cette porte ouverte, leur chef assommé, et l'engourdissement de la plante, que le prisonnier leur échappait !... Celui-ci se précipita sur le balcon en quête d'un moyen quelconque de descente... A l'extrémité lui apparut une barre de fer qui consolidée de mètre en mètre par de forts crampons, montait de la grève, suivait le contour de la falaise, puis filait droit jusqu'au sommet du vitrage où elle disparaissait pour rejoindre certainement un paratonnerre ; elle passait contre le balcon, et Henri se crut sauvé... Chemin périlleux ! mais il n'avait pas le choix.

Quand il eut enjambé l'appui du balcon et saisi la barre, un vertige abominable le prit : le mur, la falaise, la barre, le balcon, oscillaient pour sa vue affolée ; des nausées contractèrent sa gorge ; une sueur glaciale l'inonda. Il lui fallut un suprême effort pour ne pas ouvrir les mains et se laisser tomber. En hâte, il revint sur le balcon, haletant, et essuya ses mains froides et mouillées. Allait-il faiblir au dernier instant ? Il essaya d'habituer son regard à la vue de l'abîme, mais cette profondeur, cette brume qui en dissimulant le sol l'éloignaient encore, le rejetèrent dans la serre...

Il s'y coucha, derrière un massif, à plat ventre. Les deux géants, armés de fusils de chasse, passèrent près de lui sans le voir ; aussitôt il courut dans le sens inverse et parvint à la porte de l'escalier de fer. Le salut ! car nul sauf eux n'habitait la maison ; il en était sûr. Une fois sorti...

Il recula... Dans le cadre de la porte, un grand manteau à peine distinct, une chevelure rousse, une pâle figure, un parfait bras nu dont la main serre un revolver... Mily ! Elle, entre lui et la Vie !... Avec cette vitesse, cette précision qui l'avaient stupéfié un jour, dans un tir, et cette cruauté slave dont il se rappelait maintenant avoir lu parfois l'expression soudaine en l'admirable regard vert, elle allait... Mais non ! Elle sort de l'ombre, comme un Rembrandt de son cadre ; ses joues ruissellent de larmes, le désespoir crispe sa bouche ; l'autre main élève le papier qu'Henri écrivit dans la serre...

— J'ai lu... Pardon !... Viens ! dit-elle, bas.

Elle ne l'avait jamais tutoyé...

Il la suivit. Les étroites marches du tournoyant escalier de fer heurtèrent ses pas. En haut, il traversa plusieurs salles, une antichambre, une cuisine grisâtre d'aurore. Puis le manteau surmonté de la lumineuse chevelure rousse s'arrêta devant une porte vitrée. Mily se retourna.

Il percevait ces détails comme dans un songe lointain ; plus tard, sa mémoire dut faire effort pour se ressaisir...

Elle ouvrit doucement la porte. Le matin était glacial ; des oiseaux pépiaient ; au loin le ronronnement de la mer.

— Traverse le potager. Tu trouveras une petite porte dans le mur ; le jardinier y laisse toujours la clef. Le sentier descend presque à pic, puis longe la mer. Quand tu seras près d'une croix scellée dans un bloc de granit, arrête-toi et attends...

Il obéit. Il en était à cette période d'extrême fatigue où la volonté, incapable de choisir, suit avidement un conseil, un ordre. Il dit pourtant « Venez !... » D'un geste qui entr'ouvrit le manteau sur la toilette de bal, sur la poitrine sculpturale et blanche, elle désigna dans le mur, là-bas, la tache sombre de la porte.

— Vite ! insista-t-elle, le front crispé.

Il s'empressa. Avant de refermer la porte du potager, il aperçut Mily à la même place ; son geste, changé, le pressait encore, mais signifiait un adieu si poignant qu'il faillit revenir... Il hésita ; elle avait disparu...

Glissant sur les cailloux, se cramponnant à des arbustes, il descendit le sentier. Comme un cercle de fer lui torturait le crâne. Le vent marin, piquait ses yeux. Il toussa. Sur la grève, il tendit ses mains en coupe à une bavure de la marée, s'inonda le visage, la chevelure. Mais l'horrible douleur cérébrale ne cessa point.

Il marcha, avec peine, près du tumulte de la Manche, interminablement, jusqu'à ce que son regard incertain découvrît dans un gros roc une croix de fer rouillé. Insouciant du froid, de l'humidité, il s'étendit sur le sable... Quand il soulevait les paupières, son regard découvrait l'abominable demeure, au loin, minuscule et blanche sur la falaise bleuâtre...

Soudain, elle disparut dans une énorme fumée noire, en même temps qu'une lourde détonation roulait d'écho en écho. Tous les oiseaux de la campagne s'envolèrent vers le ciel...

A midi, des douaniers relevèrent Henri de Laverdière, délirant.

Quand il se releva d'une fièvre cérébrale, il raconta cette aventure à laquelle personne ne crut. Une enquête policière n'obtint pas de résultat. Pourtant il sut guider parmi les ruines le juge d'instruction — et moi ! — jusqu'aux débris de la serre, et nous montrer une immense tache grasse qui marquait, assurait-il, l'emplacement de l'arbre cannibale.

Joseph RENAUD.

A lire aussi :

 

Sur le Blog dédié aux frères J.-H. Rosny :

J.-H. Rosny "Le Sauvetage" in Le Conteur populaire (1906), illustré par Tofani.

J.-H. Rosny "La Vieille Nanette" in Le Conteur populaire (1906), illustré par Tofani.

 

Sur le site de Jean-Luc Boutel (Sur l'autre Face du Monde) :

« Les Plantes Ne Nous Aiment Pas! » Petit rappel d’horticulture conjecturale……

L'Arbre mangeur d'hommes

J. Joseph Renaud "La Népenthe" in Le Conteur populaire (1909), illustré par Tofani

J. Joseph Renaud "La Népenthe" in Le Conteur populaire (1909), illustré par Tofani

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