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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

"L'Ascension de l'Ascension", texte et dessins de Arsène Blondeau *, fut publié dans Les Récits de la jeunesse (Tallandier) n°29 du 1er juin 1908.

* Merci à Guy Costes pour le prénom !

 

 

Une deuxième signature est aussi visible dans un des angles :

 

 

J'ai conservé l'erreur sur le nom du lord, nommé à la fois Eytoun-Schymmer et Heytoun-Schymmer, à défaut de savoir quelle écriture était la bonne...

 

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Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Comme ou causait aérostation, Ignace Etylène déclara froidement:

— Peuh !... si je voulais m'en donner la peine, je parie bien que je construirais une machine volante qui marcherait un peu mieux que tout ce qu'on a fait jusqu'ici...

— Yes... Vô maintenez ce que dites, vô ??... demanda lord Eytoun-Schymmer, le richissime américain.

— Mais certainement, affirma Ignace Etylène... je maintien...

— All right !... alors je parie vô 25.000 dollars que vous ne construisez pas oune machine volante, qui conduise vô, pour traverser la mer et retour en 24 heures.

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Quand on veut faire le malin, on doit en supporter les conséquences et Ignace dut accepter le pari.

Entre nous, il s'en fichait comme de son premier biberon, car, malgré ses airs de grands seigneurs, le brave garçon possédait simplement un toupet formidable... et 11 francs 60 à la Caisse d'épargne.

Il se mit donc à l’œuvre et construisit un appareil actionné par le gaz d'éclairage intelligemment introduit dans un vieux tonneau de malaga.

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Il acheta un moteur d'occasion, quelques roues dentées, une vieille chaîne de bicyclette et fabriqua quelques hélices avec de vieux couvercles de boîtes en fer-blanc.

Puis, comme il était méthodique, il donna rendez-vous à son partenaire pour le jour de l'Ascension, tout indiqué pour un record ascensionnel.

Le départ fut brillant.

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Ignace s'éleva majestueusement dans les airs, en ligne droite, et atteignit bientôt une hauteur mirobolante.

Son appareil se comportait épatamment. Rempli d'une légitime admiration, Ignace Etylène s'apprêtait à tourner la manette actionnant les hélices qui devaient le porter en avant, quand, tout à coup, un sifflement se fit entendre...

Horreur...

C'était son gaz qui se faisait la fuite...

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

— Mille millions de solives en terre de pommes cuites !... clama Ignace... Mon gaz part... je suis crevé !... Bon sang de bon sang... c'est la panne !... vite mon mouchoir, que je tamponne cette fuite de malheur. Oh ! oh !... c'est pas commode de se retourner là dedans. Aïe, une crampe !... Oh la la !... c'est bigrement calé ce que je suis en train de faire... Ah ! v'là la fuite... Là !... un coup de tampon... Ça ne fuit plus ?... Non... ça ne fuit plus !...

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

— Ouf ! quelle alerte ! Il s'agit de se remettre en place maintenant...

Hélas !... en revenant à sa position première, le malheureux Ignace faussa, un levier et les hélices, s'arrêtant de tourner, ce fut la chute...

Et quelle chute !!

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Mais Ignace avait pris ses précautions. Il calcula qu'à la distance où il se trouvait de la terre, il en avait bien pour une heure avant de prendre contact avec le sol... Sortant de ses poches deux douzaines de petits ballons dégonflés, il eut le temps de les remplir de gaz, ce qui ralentit et finit par arrêter sa chute !...

Décidément son ascension était ratée. Avec cela pas un souffle de vent, pas la moindre brise qui pût, au pis...

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

... aller l'emporter vers des pays lointains. Désespéré, Ignace essaya de souffler dans ses mains pour se faire avancer... il s'éventa avec son mouchoir, espérant produire un peu d'air... mais ça ne rendit pas...

Alors se sachant toujours au-dessus de Paris, il attendit le jour, et, réintégrant du gaz dans son tonneau, il descendit aux premières lueurs de l'aube. Certes, chacun sait combien mes scrupules de dessinateur-écrivain-ironico-humoristico-caricaturiste m'empêchent d'avancer des choses qui ne soient de la plus rigoureuse exactitude...

Pourtant, cette fois, je suis obligé de me cramponner aux branches les plus tenaces de la vérité pour annoncer que, malgré qu'il fût resté en l'air sans bouger, Ignace Etylène avait parcourut 2247 kilomètres...

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

... tout simplement parce qu'au-dessous de lui, pendant douze heures, la terre avait tourné.

Si bien, qu'au lieu d'atterrir place de la Concorde, Ignace Etylène se trouvait dans le désert du Sahara, en face d'un lion de belle allure qu'il eut juste le temps d'anesthésier au gaz d'éclairage pour ne pas être bouffé comme un entre-côte bordelaise.

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Profitant de l'état passager d'abrutissement du fauve causé par le gaz délétère, Ignace suspendit le lion à son appareil, et, regonflant ses ballons, reprit la route des airs pour douze nouvelles heures pendant lesquelles il eut tout le temps de se remettre des terribles émotions par lesquelles il venait de passer.

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Enfin, toujours grâce au mouvement de rotation de la terre, il redescendit tranquillement à son point de départ et pénétra une heure après chez lord Heytoun-Schymmer qui l'attendait impassible.

— All right, dit-il, le délai de 24 heures expire dans trois minioutes. Very well !... Vous avez traversé le mer et retour ?... sur votre méchine volante ?

— Vous l'avez dit, mylord... en tout 4494 kilomètres.

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

Arsène Blondeau - L'Ascension de l'Ascension (1908)

— Ça a très bien marché... Ça filait !... Ah la la ! C'que ça filait... Et tenez, j'ai pensé que bien que nous fussions entre gens d'honneur, il valait mieux vous apporter une preuve de mon record. Alors, j'ai eu l’idée de vous offrir un petit souvenir de là-bas. Ça vous rappellera de l'Ascension !.. Oh ! un rien... qui fera très bien dans votre salon ; d'ailleurs, mylord... juger vous-même... le voici !...

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