"Les deux Médiums", de Charles Leroy, fut publié dans La Semaine illustrée du 26 juin 1898.
Le texte est accompagné d'une illustration anonyme.
Les deux Médiums
Parmi les aventures extraordinaires narrées par Edgar Poë, il en est une extraordinaire entre toutes ; je veux-parler du Cas de M. Vuldemar.
Vous connaissez tous cette étrange histoire de magnétisme, n'est-ce pas ? eh bien, j'en connais une plus étonnante encore, c'est celle des deux médiums.
Un drôle avait été arrêté ; on le soupçonnait d'avoir empoisonné un gendarme et d'avoir étranglé une bonne femme qui avait un chien jaune, des économies et soixante-dix-sept ans.
Il ne voulait rien avouer : au contraire, il affirmait que le gendarme était son ami, et qu'il avait l'intention de reconnaître la bonne femme pour sa fille.
Cela paraissait bizarre.
Le fait vint aux oreilles du roi, et sur son ordre il fut décidé qu'on endormirait l'accusé, et qu'il serait interrogé pendant son sommeil magnétique.
Un médium fut mandé, mais malgré ses efforts, il ne put rien obtenir ; l'accusé, au lieu de dormir, s'était mis à danser.
Le préfet de police, tremblant pour sa place, demanda un second médium.
Celui-ci ne fut pas plus heureux, l'accusé s'étant mis à faire des tours d'adresse avec le chapeau du commissaire présent aux épreuves.
Le second médium accusa le premier d'avoir abruti le sujet, et le premier se défendit en affirmant qu'au contraire, le second avait détruit tout ce qu'il avait déjà préparé.
Bref l'accusé fut relâché faute de preuves.
Quelques années passèrent, et on ne songea plus à l'accusé récalcitrant.
Cependant un beau jour, les deux médiums se rencontrèrent d'une façon bizarre.
Le premier, qui n'avait pas réussi dans son commerce, s'était établi perruquier, le second avait fait fortune.
Ce dernier, qui était de noce, entre sans méfiance dans la première boutique venue, se met dans un fauteuil et demande à être rasé.
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