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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

Publié le par Fabrice Mundzik
Publié dans : #Jacques Pauliac, #Le Journal, #Professeur Nimbus, #André Daix, #Aviation, #Savant, #Robots

"Nimbus, Chef d'escadrille", par Jacques Pauliac, fut publié dans Le Journal n°16454 du 6 novembre 1937.

Nimbus, Chef d'escadrille

 

Des insignes à l'effigie du célèbre « Professeur Nimbus » furent, hier, remis par Le Journal aux pilotes de la base aérienne de Villacoublay.

 

— Mon cher, vous déjeunez avec moi...

Avec l'aisance que possèdent seuls les véritables gentlemen, Nimbus s'assit sur l'un des angles de ma table de travail.

Le Professeur était d'une élégance raffinée : veste et pantalon brossés avec soin, guêtres blanches impeccables et souliers cirés avec une recherche presque artistique. Bien que les règles d'une élémentaire courtoisie interdisent de poser une question, ma curiosité fut la plus forte :

— Où m'emmenez-vous, cher Professeur ? Allons-nous « échantillonner » ce petit restaurant dont vous nous avez parlé et où le steack aux oignons...

D'un geste le Professeur m'interrompt :

— Ne soyez pas ridicule : je suis invité par le colonel de Drouas, commandant la base aérienne de Villacoublay. Je vous demande de venir avec moi, parce que j'ai besoin d'un secrétaire, et d'autre part, vous me rendrez service en conduisant la voiture...

Je ne reconnaissais plus l'éminent Professeur, dont la modestie est bien l'une des qualités dominantes.

Comme s'il devinait cette pensée, Nimbus, négligemment, continua :

— Je viens d'être nommé chef d'escadrille...

Tandis que l'auto nous emportait en direction de Versailles, le professeur Nimbus, avec bienveillance, consentit à nous donner quelques précisions. Impressionnés par ses hautes qualités morales et la multiplicité de ses aventures, les pilotes de la section d’entraînement de Villacoublay l'avaient prié de leur accorder son haut patronage, et le Professeur nous montra des insignes montés en broche où l'on pouvait admirer le visage désormais légendaire de notre illustre collaborateur.

— Cette reproduction n'est point mauvaise déclara Nimbus, bien que mon cheveu ne soit peut-être pas suffisamment visible... Peu importe, Daix, mon papa, m'a affirmé que l'essentiel était de faire plaisir à ces jeunes gens qui porteront mon effigie sur la poitrine et même la feront peindre sur leurs avions qu'ils nomment curieusement des « zincs » !!!

Mon rôle impartial d'historien m'oblige à certifier que le déjeuner, empreint de cette exquise cordialité qui est de règle chez les officiers de notre armée de l'air, fut absolument parfait.

Nimbus, qui avait pris place à la droite du colonel de Drouas, soutint avec bonheur sa réputation de brillant convive, et le nouveau chef d'escadrille produisit la meilleure impression sur ses futurs subordonnés.

Je puis même ajouter que certaines de ses conceptions, sur le plan purement technique, furent accueillies avec le plus vif intérêt. Sa théorie sur la machine à distiller l'essence pour la transformer en rhum, afin de permettre aux pilotes de se réconforter en vol, fut aussitôt notée par le colonel Delaitre, de nos services techniques. Mais le trait génial du Professeur fut certainement l'étonnante idée de remplacer les moniteurs par des robots. Les colonels Bayle et Battle, malgré leur expérience, avouèrent qu'en matière d'instruction aéronautique, ils avaient trouvé leur maître.

Au dessert, après les traditionnelles coupes de Champagne, le Professeur remit au Commandant de la base aérienne de Villacoublay les petits insignes rehaussés de son effigie.

Le colonel de Drouas, en quelques phrases charmantes, pria son hôte de transmettre à la direction du « Journal » et au dessinateur Daix les remerciements enthousiastes de ses pilotes.

Avant que ne reprenne le travail quotidien, les officiers conduisirent en piste leurs invités. Quelques minutes plus tard, le lieutenant Bourigault, commandant la section d'entraînement de Saint-Cyr, emportait en avion le premier lot d'insignes « Nimbus », impatiemment attendu par les élèves.

Une nouvelle escadrille nous est née, placée sous la protection d'un petit homme aux guêtres blanches, et dont l'unique cheveu, en point d'interrogation, ira s'accrocher au flanc des nuages...

Jacques Pauliac.

Jacques Pauliac - Nimbus, Chef d'escadrille (1937)

Jacques Pauliac - Nimbus, Chef d'escadrille (1937)

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