« La T.S.F. avec la Planète Mars », signé L. Rocha, est paru dans l'Almanach François de 1933.
Le texte est accompagné d'une illustration anonyme.
La T.S.F. avec la Planète Mars
On a beaucoup parlé de ce médecin anglais qui prétendait engager une conversation par T.S.F. avec les habitants de la planète Mars.
L'obligeante administration des Postes — notre homme se trouvait en Angleterre — consentit à mettre ses services à la disposition de cette originale expérience, et le message partit par une belle nuit d'automne, alors que la planète se trouvait à sa plus petite distance de notre terre, c'est-à-dire à environ 57 millions de kilomètres.
Peu familiarisé avec le dialecte des Marsiens, le docteur Mansfield Robinson envoya son message en anglais.
Il faut croire que les ondes ne se regimbèrent pas devant une telle traversée, car, le lendemain, le Post Office fit sérieusement annoncer, par la presse, qu'il acceptait dorénavant des messages pour Mars, moyennant un prix qui, réellement, mettait ce nouveau sport à la portée de toutes les bourses.
Les amateurs qui répondirent à cette aimable invite durent être rares, si même il y en eut, car les ondes partirent bien, mais aucun poste terrestre n'enregistra de réponse...
Ce sera pour une autre fois, car l'homme est tenace et il le prouve bien.
A première vue, cette communication interplanétaire ne parait pas impossible à notre esprit blasé ; la distance de 57 millions de kilomètres, qui sépare les deux planètes, n'est pas un obstacle pour les ondes de T.S.F., qui couvrent comme la lumière, le joli record de 300 000 kilomètres à la seconde.
Quel dommage qu'on n'ait pas encore pu trouver le moyen de chevaucher ces ondes rapides ! Un génial casse-cou — et il n'en manque pas — n'aurait pas hésité à les enfourcher pour tomber, au bout de trois minutes dix secondes, dans les bras de nos futurs amis, habitants hypothétiques de la planète Mars.
En regard des distances stellaires qui se comptent par années de lumière, le « pas » qui nous sépare de Mars est minime. Pour vous en rendre compte, songez que si, au lieu de se diriger sur Mars, notre voyageur avait eu mission d'atteindre l'alpha du Centaure, qui est l'étoile la plus rapprochée de nous, il serait encore en route, le trajet demandant, au lieu de trois minutes dix secondes, une durée de quatre années et six mois. Mais si, ivre d'espace, le chevalier des ondes s'était décidé à abandonner notre petit univers, pour se rendre dans l'infini, il serait mort bien avant d'arriver aux extrêmes limites qui frappent nos regards et dont la lumière prend 364 300 ans pour nous parvenir.
Que pouvons-nous faire devant de telles distances, de telles vitesses, nous qui entrevoyons à peine, pour nos avions, des possibilités de 250 kilomètres à l'heure ? Songez qu'un tel avion, franchissant l'atmosphère terrestre et se libérant de l'attraction de la terre, atteindrait Mars en 4 320 000 fois plus de temps que les ondes du Post Office anglais, soit au bout de vingt-six ans.
Certains savants assurent, du reste, que notre globe serait entouré d'une couche d'électricité s'opposant à l'expansion des ondes de T.S.F. actuelement utilisées.
Quoi qu'il en soit, nos amis les Anglais ne sont pas prêts d'aller passer leur week end, ni même leurs vacances, aux bords des canaux de Mars.
Commenter cet article