« L'Aéronette », de Gabriel Timmory, est paru dans L'Auto du 23 octobre 1909.
L'Aéronette
Ainsi donc, il y a une nouvelle danse, l'Aéronette, où les danseurs imitent, dans la mesure du possible, bien entendu, tous les mouvements de l'aéroplane : le roulement, l'envolée, le glissement dans l'espace, — et la descente. Cette chorégraphie d'actualité a reçu l'approbation de l'Académie Vestris.
Donnons-lui la nôtre. Elle constatera pour l'aviation une publicité des plus efficaces. Il est bien évident que le dernier né de nos sports ne cesse point de piquer la curiosité publique ; mais il a, néanmoins, l'inconvénient d'être essentiellement un exercice de plein air, ne pouvant être pratiqué que sur de vastes espaces. Or, il n'est pas donné à tout le monde, nous l'avons vu, d'aller à Juvisy ou surtout d'en revenir. Ainsi le nombre de ceux qui s'intéressent à l'aviation demeure forcément limité.
L'Aéronette contribuera puissamment à sa vulgarisation, en lui donnant enfin des entrées dans les salons. De même qu'il y a des nageurs qui s'entraînent en chambre, il y aura des aviateurs qui feront leurs débuts dans les soirées mondaines, leurs appareils étant, en l’occurrence, représentes par de gentilles personnes, indubitablement plus lourds que l'air.
De ces divertissements naîtront peut-être quelques vocations ! Après avoir évolué, avec quelque gracieuse jeune fille, au milieu de groupes compacts, on jugera relativement plus facile de manœuvrer dans l'azur, sur un rapide monoplan ; on quittera alors Agnès pour Antoinette.
Ne serait-ce point là l'origine d'une méthode nouvelle d'éducation où l'on considérerait la danse comme une introduction à la vie sportive ? Pour susciter des marcheurs, on créerait un pas : ce serait une quelconque Pédestriette, qui indiquerait aux jeunes gens le rythme sur lequel se disputent les Marathons.
Une autre danse pourrait donner le goût de l'automobile : elle serait, tout naturellement, baptisée la Chaufferette. Avec la collaboration de Joseph Renaud, on réglerait une Jiuliette, qui reproduirait les différentes phases d'un combat de jiu-jitsu. La Gastinne-Renette éveillerait l'idée d'un duel au pistolet. Enfin. M. André de Fouquières se chargerait, bien volontiers, de traduire, élégamment, dans un cotillon les péripéties d'un assaut de boxe ; ce cotillon n'offrirait qu'un inconvénient : c'est que les figures en seraient quelquefois mises en compote.
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