"La brouette lunaire atomique" par Antoine Icart in Journal de Mickey n°557 (1963). Les illustrations sont signées Rochelle.
LA BROUETTE LUNAIRE ATOMIQUE
Méthodiquement, les savants imaginent et préparent les mécaniques, les instruments, les appareils qui, demain, iront fouler le sol lunaire, le « tâter » avant que l'homme lui-même ne vienne à son tour prendre pied sur l'astre de la nuit. Parmi tous les appareils projetés, il en est un qui a particulièrement retenu l'attention des spécialistes. C'est la « brouette nucléaire » dont la construction sera prochainement entreprise par la firme Bendix C° aux U.S.A.
DIFFICILE GYMNASTIQUE
La mise au point d'un véhicule-robot chargé de reconnaître la surface de la lune, de servir en quelque sorte d'éclaireur pour le compte de l'homme, se heurtait à de nombreux obstacles dont voici le premier :
Quel qu'il fut, ce véhicule devait pouvoir se plier de façon à pouvoir se loger dans le cône de la fusée qui l'amènera dans le voisinage de la lune, sur le sol de laquelle il viendra se poser par ses propres moyens.
C'est chose faite : les spécialistes de Bendix ont réalisé leur appareil de telle manière que son encombrement soit réduit au minimum et qu'il trouve place dans le cône de la fusée Saturne.
DEUXIÈME DIFFICULTÉ :
Le véhicule lunaire devait pouvoir fonctionner parfaitement aussi bien lorsque la partie de la lune sur laquelle il se trouvera sera éclairée par te soleil (c'est-à-dire lorsque la température dépasse 100° C) que pendant la longue nuit lunaire (où il fait très froid sur la lune, la température tombant à -130° C).
Des mécanismes extrêmement résistants capables de supporter sans faiblir d'énormes écarts de température ont été mis au point.
MAIS ALORS SURGIT UNE TROISIÈME DIFFICULTÉ : Comment actionner ces mécanismes ?
Pendant le jour lunaire (c'est-à-dire lorsque la lune est visible depuis la terre), pas de difficulté majeure : des cellules spéciales qui transforment la lumière du soleil en courant électrique suffisaient à la tâche.
MAIS UN MÊME POINT DE LA LUNE N'EST PAS TOUJOURS ÉCLAIRÉ PAR LE SOLEIL. LA NUIT TOMBE SUR LA LUNE ! (Par exemple lorsque, de la Terre, nous n'apercevons plus la lune, ou bien tandis qu'elle ne nous apparaît que partiellement éclairée.) DANS CE CAS, LES BATTERIES DE CELLULES FONCTIONNANT A LA LUMIÈRE SOLAIRE DEVENAIENT INOPÉRANTES.
Et la nuit dure près de quinze jours sur un même point de la lune ! Fallait-il donc laisser s'immobiliser l'explorateur-robot ? C'ÉTAIT INIMAGINABLE. ET C'EST POURQUOI LES SAVANTS ONT MIS AU POINT UN AUTRE MOYEN DE FOURNIR AUX MÉCANIQUES DE LA « BROUETTE LUNAIRE » LE COURANT DONT ELLES AURONT BESOIN POUR FONCTIONNER, MÊME LORSQU'IL FERA NUIT. L'appareil sera équipé d'une petite centrale atomique qui produira du courant, une fois la nuit tombée.
Regardez maintenant la « brouette lunaire ». Vous noterez que ses roues sont dentées. Ce n'est pas par hasard. Le sol lunaire est, en effet très inégal. DE PLUS, IL SEMBLE QU'EN CERTAINS ENDROITS (les « mers » notamment) IL SOIT RECOUVERT D'UNE ÉPAISSE COUCHE DE POUSSIÈRE TRÈS FINE. DANS CES CONDITIONS, seule la roue dentée peut assurer une propulsion constante, quelle que soit la nature du sol.
La « brouette nucléaire » de Bendix pèse 110 kilos. Elle pourra transporter une charge de 185 kilos d'instruments d'observation et d'analyse, ainsi que des caméras de télévision et des émetteurs de radio. Elle sera « pilotée » par un spécialiste, demeuré sur la terre, à qui elle retransmettra des images du sol sur lequel elle évoluera et des informations sur sa nature.
On distingue sur notre première illustration (qui nous montre « la brouette » repliée descendant vers la lune) :
1° Le panneau porteur des cellules photoélectriques.
2° Le moteur électrique central.
Sur l'illustration du bas, la brouette ayant atteint, le sol lunaire s'est complètement dépliée, puis a quitté son support. Elle est en état dé marche.
On aperçoit :
3° L'appareillage électronique (émetteur de radio et de télévision).
4° Le réacteur nucléaire.
5° Le périscope relié à une caméra de télévision, grâce auquel le « pilote » (demeuré sur la terre) « verra » le paysage au milieu duquel se déplace l'appareil.
6° L'antenne par laquelle l'appareil sera dirigé par télécommande, depuis la terre.
Les savants, on le voit, ne seront pas pris au dépourvu. Lorsque la fusée lunaire sera prête, ils pourront lui confier tout le matériel nécessaire en vue de la plus fantastique exploration de tous les temps.
A. ICART
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