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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

Publié le par Fabrice Mundzik
Publié dans : #Pilote, #Lucien Barnier, #Jor Dom, #Astronautique, #Espace

"500.000 tonnes de poussière pourraient faire pousser... des palmiers à Paris" par Lucien Barnier in Pilote n°36 du 30 juin 1960, deuxième année. Les illustrations sont de Jor Dom.

 

On verra des champs d'orangers dans la banlieue de Clermont-Ferrand, et les Lyonnais prendront le frais sur leurs places plantées de majestueux platanes. Paris aura enfin le droit de savourer les délices qui font actuellement le privilège du climat niçois. Et cela parce que la Terre se sera donné un fantastique ruban de poussières blanches qui, tel l'anneau de Saturne, ceinturera éternellement notre planète, tout au long de sa course cosmique... Cette étonnante histoire aura commencé par un rêve.

Sur la route de Novgorod à Leningrad, un automobiliste regarde l'immense plaine qui se dessine confusément sous la légère clarté de la pleine lune. Il éteint ses phares, afin de se rendre compte si le clair de lune suffit à lui révéler la route. Cet automobiliste est le jeune ingénieur Valentin Tcherenkov. Voilà seulement trois minutes, il était tout à la pensée du système électronique qui devrait être sa première grande réalisation. Et, maintenant, la Lune est venue lui suggérer un tout autre problème. « Pourquoi ne créerions-nous pas une lumière qui relaierait le Soleil lorsque celui-ci disparaît à l'horizon, et qui serait plus puissante, plus chaude que le clair de lune ? »

Telle est la question qui, désormais, occupe jusqu'à l'envahir l'esprit de Tcherenkov. Après tout, la Lune n'est rien d'autre qu'un obstacle arrêtant le rayonnement du Soleil. Elle joue à la manière d'un piège qui s'approprie des rayons solaires, gardant pour elle la plus grosse part de cette lumière. Mais, comme le mur qui se trouve en face de notre demeure, elle réfléchit un petit pourcentage de la lumière dérobée. Alors, l'idée de construire un réflecteur plus proche de la Terre se présente à l'esprit de Tcherenkov. Il faudrait, se dit-il, que ce réflecteur entoure complètement notre planète, et aussi qu'il ne revienne pas à un prix exorbitant.

Désormais, le rêve est solidement ancré ; il ne lâche plus le jeune technicien. Dans certains cercles scientifiques, on hausse les épaules. Pourtant, quelques savants soviétiques s'intéressent à l'utopie. Ils aident Tcherenkov dans ses calculs. Sur dix feuilles de papier, les formules dansent, les croquis s'animent dans une cavalcade de fusées. On voit des palmiers alignés en rang de bataille qui montent à l'assaut des régions froides. Les icebergs de l'Arctique fondent. Sur l'Alaska, le Groenland et la Sibérie glacée, Tcherenkov jette des épis de blé.

LE "PROJET DES NUITS BLANCHES"

Alors, l'Académie des Sciences de Moscou annonce qu'elle s' « intéresse sérieusement au projet de Valentin Tcherenkov ». Les journaux de tous les pays du monde évoquent le « projet des Nuits Blanches ». Me voici à Moscou, où je cherche à joindre Tcherenkov. Il n'est pas dans la capitale soviétique, mais quelque part en Sibérie, assistant à une conférence « très importante ». Finalement, je rencontre un proche collaborateur de l'homme au ruban cosmique. Je vous livre, lecteurs de « Pilote », les conclusions détaillées de Tcherenkov :

« Nous tisserons autour de la Terre un anneau formé de fines poussières de craie ou de plâtre. Les astronauticiens assurent que nous pouvons satelliser ces poussières, alors, aucune inquiétude. Des fusées s'envoleront de la Terre ; dès qu'elles auront atteint l'altitude de 1 200 kilomètres, elles se mettront en orbite comme des satellites. Une soufflerie d'air comprimé projettera la poussière, qui s'étirera en ruban. J'ai calculé qu'avec un kilo de poussière, je puis couvrir 5 000 mètres carrés de ruban.

Au moment où la première fusée aura épuisé sa charge, une deuxième fusée entrera déjà en action et tissera un nouveau morceau du voile. Tout bien pesé, dit Tcherenkov, j'estime que 500 000 tonnes de poussières me suffiront pour tendre un ruban de 100 kilomètres de large tout autour de la Terre, en passant exactement par l'axe des pôles. Cinq cent mille tonnes de charge, cela représente mille fusées super-puissantes... On doit pouvoir créer cette flotte cosmique. Et puis, l'enjeu ne vaut-il pas la chandelle ? »

UN TRAIN DE MILLE FUSÉES

Tcherenkov a refait vingt fois ses opérations ; il a posé de dix manières différentes ses équations... Et la même réponse apparaît. Mille fusées de 500 tonnes de charge utile + 500 000 tonnes de vulgaire craie blanche = un ruban réflecteur de 100 kilomètres de large qui dirige vers la Terre une quantité de chaleur et de lumière solaires correspondant à une puissance de 270 milliards de kilowatts (plus de 10 000 fois la puissance totale de toutes les centrales électriques françaises).

Retournez le problème sous tous ses angles, et vous aboutissez à ce fait que mille fusées transporteuses de poussières équivalent 10 000 fois notre parc de centrales électriques construites depuis cinquante ans. Si nous voyons plus grand encore, et que nous voulions nous envelopper d'un ruban de 500 kilomètres de large, notre planète recevra indéfiniment, en chaleur et en lumière, 50 000 fois la puissance totale de nos centrales électriques françaises. Il n'en coûtera que cinq mille fusées. Le bénéfice sera prodigieux : le blé et la vigne pousseront sur les rivages de l'Arctique.

Fini le Grand Nord désert et inhumain ! La vague verte de la végétation et de la vie défiera les icebergs. Les trois quarts de la France jouiront du climat de la Côte d'Azur. Et le jour éternel s'installera sur notre Terre. Au cœur de ce qui est encore la nuit de 1960, une lumière de 30 à 200 lux nous tombera naturellement de ce fantastique réflecteur. 200 lux, c'est bien plus qu'il ne nous en faut pour lire un livre, puisque nous nous tirons très bien d'affaire avec 50 lux. Nous vivrons sans doute ce colossal effort de domestication de notre vieille Terre, qui pourra alors nourrir une population infiniment plus importante que l'humanité actuelle.

"500.000 tonnes de poussière pourraient faire pousser... des palmiers à Paris" par Lucien Barnier in Pilote n°36 du 30 juin 1960

"500.000 tonnes de poussière pourraient faire pousser... des palmiers à Paris" par Lucien Barnier in Pilote n°36 du 30 juin 1960

"500.000 tonnes de poussière pourraient faire pousser... des palmiers à Paris" par Lucien Barnier in Pilote n°36 du 30 juin 1960

"500.000 tonnes de poussière pourraient faire pousser... des palmiers à Paris" par Lucien Barnier in Pilote n°36 du 30 juin 1960

"Avec cinq mille fusées, nous ferions un ruban réflecteur de 500 km de large. Paris vivrait dans un éternel climat de Côte d'Azur. Une végétation tropicale pourrait alors pousser au pied même de la tour Eiffel..."

"Avec cinq mille fusées, nous ferions un ruban réflecteur de 500 km de large. Paris vivrait dans un éternel climat de Côte d'Azur. Une végétation tropicale pourrait alors pousser au pied même de la tour Eiffel..."

"Mille fusées et 500 000 tonnes de plâtre suffiraient pour tisser un ruban réflecteur autour de la terre. La nuit disparaîtrait."

"Mille fusées et 500 000 tonnes de plâtre suffiraient pour tisser un ruban réflecteur autour de la terre. La nuit disparaîtrait."

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