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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

Publié le par Fabrice Mundzik
Publié dans : #Lucien Barnier, #Pilote, #Télépathie, #Jor Dom

"A 2.500 kilomètre de distance, le 25 juillet 1959, y eut-il transmission de pensées ?" par Lucien Barnier in Pilote n°28 du 5 mai 1960, deuxième année. Les illustrations sont signées Jor Dom.


PEUT-ON PARLER DE TÉLÉPATHIE ?

Il a bien fallu lever le secret, car d'étranges rumeurs commençaient à courir, concernant une certaine mission du sous-marin « Nautilus », de la Marine militaire des États-Unis. Et c'est ainsi que nous savons maintenant à peu près ce qui s'est passé, le 25 juillet dernier, à bord du fameux navire atomique.

Sept heures du matin. Le « Nautilus » est à quai, dans le port de Croyton, sur la côte est des États-Unis. Une puissante voiture stoppe net devant l'embarcadère. Trois hommes franchissent rapidement la passerelle et s'engouffrent dans le sous-marin. Ordre est donné à l'équipage de rester aux postes de manœuvre. Le capitaine Anderson ouvre une cabine ; l'un des trois arrivants le suit, s'assied dans un fauteuil qui est placé devant une table de travail. A peine la lourde porte d'acier s'est-elle fermée sur la mystérieuse présence, que le « Nautilus » s'anime de toute la puissance de ses réacteurs atomiques et cingle vers la haute mer. Aucun homme d'équipage, aucun officier n'a le droit de passer à proximité de la cabine interdite. C'est le capitaine Anderson lui-même qui apporte les repas de l'énigmatique passager.

Depuis huit jours, la terre a disparu, quand soudain le « Nautilus » s'enfonce dans l'océan.

UN SECOND « HOMME-MYSTÈRE »

A 2 500 kilomètres de là, au Centre de recherches spéciales Westinghouse, dans la ville de Friendship, État de Maryland, un autre personnage insolite se trouve lui aussi enfermé dans une pièce. Devant lui, un mécanisme se déclenche à chaque minute et laisse tomber une carte. La tête serrée entre ses mains, l'homme fixe intensément chaque carte et inscrit sur un registre la valeur des cartes ainsi distribuées. Et, dans la coque du « Nautilus » immergé, comme s'il était une réplique du liseur de cartes, le fantomatique passager se tient lui aussi la tête à deux mains. Pourtant, rien ne surgit devant ses yeux. Il note quand même sur un registre tout à fait semblable à celui du centre Westinghouse la valeur de certaines cartes. Eh oui ! à 2 500 kilomètres de distance, un homme isolé sous 27 mètres d'eau tente de transcrire les signes que fixe son correspondant inconnu, qui est installé sous bonne garde dans un bureau de la ville de Friendship. Aucune tricherie n'est possible, car la distribution des cartes est décidée par un mécanisme et personne dans l'entourage des deux hommes n'a intérêt à favoriser le moindre truquage. Le 9 août, dans l'après-midi, par devant le colonel de l'armée américaine Bowers, les deux registres scellés sont cérémonieusement ouverts. Sur deux cents cartes qui ont été lues au centre Westinghouse, cent-quarante ont été correctement transcrites à bord du « Nautilus ». Tel est le résultat vrai, contrôlé, de cette expérience de télépathie ou, comme préfèrent dire certains, de « cette expérience de perception extra-sensorielle ».

DEVINEZ A QUOI JE PENSE !

Alors, la question se pose ! la télépathie existe-t-elle ? Un être humain peut-il être doué de la faculté de deviner ce que pense l'un de ses semblables ? Il vous est sûrement arrivé de penser à une chanson, juste au moment où quelqu'un de votre entourage se mettait à fredonner ladite chanson.

— Tiens, c'est drôle ; j'allais chantonner cet air-là.

Vous avez dit cela, et vous n'avez plus pensé à cette coïncidence ? Était-ce seulement une coïncidence ? Franchement, on a le droit de se demander s'il s'agit de hasard ou de transmission de pensée. Essayons, sinon de résoudre le problème, du moins de comprendre ce qui pourrait se passer. L'organe qui pense, c'est le cerveau. Et quand il pense, le cerveau émet des courants électriques qu'on peut d'ailleurs capter avec des fils, des récepteurs ressemblant aux récepteurs de radio. Je me suis soumis à cette expérience, voilà peu de temps. On m'a appliqué des plaques de cuivre un peu partout sur le crâne, et j'ai vu l'aiguille d'un récepteur électrique se mettre à trembloter au rythme des courants de mon cerveau. A certains moments, un opérateur s'amusait à me surprendre par un puissant coup de klaxon ; alors mon cerveau traduisait sa surprise par un courant sortant de l'ordinaire qui malmenait l'aiguille du cadran. Sous le nom savant d'électro-encéphalogramme, on réalise des enregistrements de ces courants du cerveau. Les médecins lisent ces lignes brisées qui prennent l'allure des courbes de température affichées au chevet des malades. Il paraît qu'on voit du premier coup d’œil si tel individu est fou, rien qu'à jeter un regard sur son électro-encéphalogramme.

Vous voyez donc que les savants savent à quoi s'en tenir sur le fonctionnement électrique du cerveau humain.

Pendant longtemps, on a supposé que la télépathie aurait quelque chose à voir avec ces courants et qu'au fond tout se passerait comme dans un circuit radio, où existent un émetteur d'ondes, des ondes et un récepteur de ces ondes. Malheureusement pour cette intelligente explication, notre cerveau est un bien faible émetteur : un dixième de volt à peine, douze fois plus faible qu'une modeste pile de lampe de poche ! Je sais bien que des gens disent que ces ondes très faibles du cerveau pourraient être amplifiées par certaines substances. Lesquelles ? On n'en sait rien. Mais, interrogez-vous, comment donc expliquer ces pensées qui jaillissent en même temps dans deux ou trois têtes ? Des savants très sérieux m'ont dit : « Il s'agit d'un hasard. » D'autres m'ont affirmé : « Nous ne connaissons pas grand-chose de ce prodigieux appareil qu'est notre cerveau. » Bien sûr, ces réponses ne me satisfont pas ; mais songez que le cerveau qui est si solidement enfermé dans votre tête, représente un appareillage électronique qui coûterait des dizaines de millions de nouveaux francs. Si l'on voulait construire un cerveau électronique capable de faire tout ce que réalise un cerveau humain, il faudrait la superficie de cinq départements français pour installer une telle machine. Aussi, l'inventaire d'un appareil si perfectionné est-il nécessairement long et difficile.

NON, NON : PAS D'ANTENNES !

D'ailleurs, je me demande finalement si nous avons tellement intérêt à connaître si parfaitement notre cerveau. Il y a six mois, j'assistais à une conférence et j'eus la surprise d'entendre un délégué faire cette proposition : « Ne pourrions-nous pas envisager de créer une humanité absolument harmonisée ? Pour ce faire, nous grefferions de petites antennes dans le crâne des gens et nous lancerions des ondes radio-électriques qui seraient reçues par chaque cerveau de nos compatriotes. Ainsi, nous veillerions à ce que les gens soient calmes, heureux. » Quelqu'un fit observer à ce conférencier qu'un malfaiteur pourrait construire un émetteur plus puissant que celui des sages et dicter des messages de désordre. Ce malfaiteur transformerait, à son gré, le nombre en une faune de voleurs, de bandits. Et ainsi, la guerre des ondes deviendrait singulièrement tragique, puisqu'on n'aurait plus la possibilité de tourner le bouton pour imposer le silence à la perversion.

Vous croyez peut-être que nous sommes loin des expériences de télépathie ; eh bien non, nous n'en, sommes pas éloignés. C'est toujours du cerveau humain qu'il s'agit, et de ses rapports avec les autres cerveaux humains.

Lucien Barnier "A 2.500 kilomètre de distance, le 25 juillet 1959, y eut-il transmission de pensées ?" in Pilote n°28 du 5 mai 1960, deuxième année.

Lucien Barnier "A 2.500 kilomètre de distance, le 25 juillet 1959, y eut-il transmission de pensées ?" in Pilote n°28 du 5 mai 1960, deuxième année.

Lucien Barnier "A 2.500 kilomètre de distance, le 25 juillet 1959, y eut-il transmission de pensées ?" in Pilote n°28 du 5 mai 1960, deuxième année.

Lucien Barnier "A 2.500 kilomètre de distance, le 25 juillet 1959, y eut-il transmission de pensées ?" in Pilote n°28 du 5 mai 1960, deuxième année.

"un mécanisme se déclenche à chaque minute et laisse tomber une carte. La tête serrée entre ses mains, l'homme fixe intensément chaque carte [...]"

"un mécanisme se déclenche à chaque minute et laisse tomber une carte. La tête serrée entre ses mains, l'homme fixe intensément chaque carte [...]"

"à 2 500 kilomètres de distance, un homme isolé sous 27 mètres d'eau tente de transcrire les signes que fixe son correspondant inconnu [...]"

"à 2 500 kilomètres de distance, un homme isolé sous 27 mètres d'eau tente de transcrire les signes que fixe son correspondant inconnu [...]"

Commenter cet article

C
je me souviens du non de ce journaliste croniqueur scientifique incontournable des emission de radio lors de chaque évènement le méritant
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