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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

Publié le par Fabrice Mundzik
Publié dans : #Lucien Barnier, #Jor Dom, #Pilote, #Astronautique

"Les astronomes prirent un bond de 200 km vers les étoiles... AVEC L'ASCENSEUR COSMIQUE" par Lucien Barnier in Pilote n°30 du 19 mai 1960, deuxième année. Les illustrations sont signées Jor Dom.

 

AVEC L'ASCENSEUR COSMIQUE

Le 22 avril 1959, à 20 h 25, un étrange train de cent cinq ballons formant un convoi de quatre cent cinquante mètres de longueur s'élève dans le ciel, au-dessus de la région parisienne. Accrochée à cette fantastique grappe rougeoyante sous les feux du soleil couchant et qui semble partir à la rencontre des étoiles, une cabine sphérique oscille doucement. A l'intérieur, un homme se prépare à une expédition scientifique sans précédent. Cet homme s'appelle Audouin Dollfuss et il exerce la profession d'astronome. Il est en train de voguer vers la stratosphère où, tout à l'heure, il stoppera son train de ballons, afin d'observer la Lune et la planète Vénus dans les meilleures conditions possibles.

EN TÊTE A TÊTE AVEC LES ASTRES

Treize mille mètres plus bas, la Terre. Lampadaires et enseignes au néon éclaboussent les cités de lumières multicolores. Des gens finissent de dîner. Des trains s'ébranlent pour leurs randonnées nocturnes. Et ici, un homme seul se trouve en tête à tête direct avec les astres. Il peut les observer, les photographier tout à loisir, sans avoir à redouter qu'un banc de nuages vienne soudain interrompre son travail. Pour la première fois, un observatoire astronomique a été hissé au-dessus des couches basses de l'atmosphère qui font comme un écran déformant au regard des astronomes restés à terre. De cet observatoire stratosphérique, Audouin Dollfuss a pu établir la preuve qu'il existe bien des traces de vapeur d'eau dans les atmosphères de Vénus et de Mars. Ce sont là des informations de la plus haute importance, en ce temps qui est celui des grands préparatifs aux explorations cosmiques. Pendant soixante années, des astronomes ont discuté, et même se sont disputés, à propos de cette eau sur Vénus et sur Mars. C'est que les astronomes voient le ciel à travers douze ou quinze kilomètres de poussières, de fumées, de gouttelettes d'eau. Aujourd'hui, il n'y a plus de ciel limpide pour les astronomes, s'ils restent parmi nous sur la Terre. Audouin Dollfuss a raison. Dans la mesure où une planète, une étoile, vous intrigue au point de vous empêcher de dormir, il faut aller la contempler au-delà du voile de l'atmosphère, dans les calmes régions de la stratosphère. Seulement, il y a beaucoup de difficultés, la plus importante étant de savoir piloter un ballon. Apprendra-t-on l'aérostation aux astronomes ? C'est peu probable. Alors il nous reste à attendre que l'astronautique soit assez perfectionnée pour nous permettre d'expédier des observatoires automatiques, satellisés autour de telle ou telle planète.

UN ENTONNOIR MAGIQUE

Mais, en attendant, nous avons besoin de placer nos télescopes de plus en plus haut et de les faire fonctionner le plus longtemps possible. Songez que, pour assurer une heure trente d'observation, M. Dollfuss a dû travailler pendant une demi-année aux préparatifs de son raid. L'astronomie a beau être une science qui étudie des phénomènes grandioses, elle ne peut envisager tant de démesure dans les efforts, les risques ni les crédits. Eh bien ! il y a probablement une solution. Je vous la livre, telle que je l'ai entendu proposer par le célèbre savant soviétique Guiorgui Pokrovski, voilà à peine un mois. Ce dirigeant de la Société Astronautique de l'U.R.S.S. a calculé les plans d'un extraordinaire « ascenseur du cosmos », qui aboutirait à installer en permanence un observatoire astronomique à une altitude de quelque deux cents kilomètres. Imaginez une tour en matière plastique, qui aurait la forme d'un entonnoir extrêmement effilé. Se dressant comme un trait, elle traverserait l'atmosphère, et supporterait un ensemble scientifique comportant un télescope optique automatique, un radio-télescope et un émetteur de radio-télévision qui transmettrait vers la Terre toutes les informations et photographies recueillies par les instruments de cette hallucinante plate-forme d'observation. Mais comment la construire, cette tour-miracle ? Avec du vent, parbleu ! Regardez le dessin : vous voyez cet immense entonnoir qui coiffe un massif montagneux. Un massif montagneux, c'est une région où se forment des bouleversements atmosphériques et, en particulier, des vents « ascendants », qui tendent à s'élever en altitude. Si l'on coiffe la montagne, formidable machine à produire des vents ascendants, avec notre entonnoir, il va se créer une cheminée artificielle qui favorisera l'ascension de l'air. Grâce à l'effilement de l'entonnoir, l'air sortira plus lentement qu'il n'est entré ; il y aura donc une pression considérable, qui emporterait toute l'installation... si celle-ci n'était pas solidement arrimée par des haubans.

LE FLEUVE D'AIR EMPORTE UN OBSERVATOIRE

Techniquement vous comprenez comment la tour tient debout. Au fond, nous avons affaire à un ballon qui se gonfle aussi rapidement qu'il se dégonfle. Comme ce « ballon » est fait de matériau très léger, on peut le surcharger pour l'équilibrer. Notre surcharge sera tout simplement l'observatoire astronomique. Bien sûr, l'homme devra donner le coup de pouce qui amorcera la trombe artificielle. Dans cet entonnoir de plastique, informe, mais convenablement plié, on insufflera des mètres cubes d'hydrogène et d'hélium qui sont des gaz très légers. L'édifice prendra tournure ; le fleuve d'air commencera de circuler entre ses berges. Il enflera progressivement et notre observatoire grimpera, traversera les nuages et émergera dans cette zone d'un calme infini qu'aborda Audouin Dollfuss, le 22 avril de l'année dernière.

"Les astronomes prirent un bond de 200 km vers les étoiles... AVEC L'ASCENSEUR COSMIQUE" par Lucien Barnier in Pilote n°30 du 19 mai 1960

"Les astronomes prirent un bond de 200 km vers les étoiles... AVEC L'ASCENSEUR COSMIQUE" par Lucien Barnier in Pilote n°30 du 19 mai 1960

"Entraînée par sa grappe de ballons, la nacelle monte vers les étoiles."

"Entraînée par sa grappe de ballons, la nacelle monte vers les étoiles."

"Audouin Dollfuss (à gauche) procède aux derniers préparatifs de l'expédition sans précédent qui va l'entraîner jusque dans la stratosphère. Chaque ballon, une fois gonflé, est retenu ou sol, jusqu'à l'heure du départ, à l'aide d'un sac de sable. Les ballons seront ensuite tous réunis."

"Audouin Dollfuss (à gauche) procède aux derniers préparatifs de l'expédition sans précédent qui va l'entraîner jusque dans la stratosphère. Chaque ballon, une fois gonflé, est retenu ou sol, jusqu'à l'heure du départ, à l'aide d'un sac de sable. Les ballons seront ensuite tous réunis."

"Le dessin ci-contre vous permet d'imaginer ce que serait la tour fabuleuse en forme d'entonnoir qui entraînerait vers les étoiles l'observatoire stratosphérique."

"Le dessin ci-contre vous permet d'imaginer ce que serait la tour fabuleuse en forme d'entonnoir qui entraînerait vers les étoiles l'observatoire stratosphérique."

"Pour mieux fixer vos idées, nous l'avons schématisée ci-dessus. Tout là-haut, de chaque coté de la plate-forme qui supporte l'observatoire, le fleuve d'air sort de l'entonnoir par des orifices assez réduits pour en ralentir considérablement le flux."

"Pour mieux fixer vos idées, nous l'avons schématisée ci-dessus. Tout là-haut, de chaque coté de la plate-forme qui supporte l'observatoire, le fleuve d'air sort de l'entonnoir par des orifices assez réduits pour en ralentir considérablement le flux."

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