Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

"La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles", un long dossier copieux et très complet par Octave Uzanne publié dans La Revue encyclopédique n°133 (1896).

 

La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles

I

La mode, qui aura joué un rôle si considérable dans les idées, les opinions, les théories de notre XIXe siècle, cette mode tyrannique dont, tour à tour, les sciences, la littérature, la politique, la médecine, l'esthétique, ont subi et subissent encore inconsciemment la direction incohérente et fantaisiste ; la mode, dont le sceptre est une girouette, et qui se couvre malicieusement du masque du progrès pour influencer les masses ; la mode, reine des femmes et impératrice des passions de la foule, a eu également sur le goût et l'amour des Livres une action puissante, qui est en voie de métamorphoser singulièrement le commerce de la librairie, aussi bien en France qu'à l'étranger.

On peut dire que, depuis le XVIIe siècle jusqu'au milieu de notre XIXe, la bibliophilie fut plus particulièrement, — plus rigoureusement, — rétrospective. On aima les livres par curiosité et aussi par goût pour l'histoire de l'esprit humain ; on les rechercha plutôt comme des témoins bien conservés ou comme spécimens caractéristiques d'un passé glorieux ; on eut quelque orgueil à faire valoir leurs provenances ; on les désira habillés de ce vieux maroquin poli par le temps et dont les teintes passées, harmonieuses, font valoir plus encore l'éclat des ors ou la splendeur des armoiries de nos grands amateurs de jadis.

On les collectionna avec sagesse et méthode, apportant dans leur recherche beaucoup de cette prudence et de cette patience dont on les dota à leur berceau quand ils furent imprimés par les Antoine Vérard, les Colard Mansion, les Alde, les Vascosan et autres maîtres de la typographie primitive. On ne recueillit que les œuvres ayant subi les contre-épreuves de la postérité, et à côté des Psautier de Mayence, des Bible de Strasbourg, des Homère, des Virgile, des Arioste, des Aulu-Gelle, du Songe de Poliphile, on rechercha avec un grand souci de lettré les chroniqueurs et les conteurs, Monstrelet et Boccace, Froissard et Rabelais.

C'est ainsi que se formèrent les grandes bibliothèques célèbres, celles qui consacrèrent les noms des Grolier, des Canevarius et de cette admirable lignée d'amateurs depuis Colbert jusqu'à La Vallière, et depuis Nodier et Yemeniz jusqu'au duc d'Aumale et à Liguerolles. Il y eut évidemment des modes parmi ces générations successives de bibliophiles, il y eut des engouements tantôt pour les incunables, tantôt pour les classiques grecs et latins, tantôt pour les conteurs italiens et espagnols, tantôt pour les éditions originales de nos génies dramatiques du XVIIe siècle ou pour les auteurs badins du XVIIIe, superbement illustrés par les Eisen, les Gravelot, les Moreau le Jeune, les Monnet ou les Duplessis-Bertaux. Ces modes, toutefois, il convient de le remarquer, se portèrent presque toujours sur des publications d'époques antérieures, et rarement elles affectèrent des ouvrages contemporains.

L'histoire de la Bibliophilie a été fréquemment écrite, sous diverses formes et d'après de multiples programmes ; mais je ne crois point qu'elle ait jamais été étudiée au point de vue exclusif de la variation dans les idées et les goûts des amateurs. Je ne suppose pas davantage qu'un érudit se soit encore appliqué à rechercher la part de vanité, d'ostentation, de snobisme, qui à toutes les époques s'est confondue dans l'apparente passion des livres. Ce serait pourtant un des côtés de l'histoire qu'il serait amusant de mettre en lumière dans un sens philosophique. Il ne nous serait pas indifférent, par exemple, de pouvoir constater qu'au XVIIe siècle, aussi bien qu'au XVIIIe siècle et de nos jours, les grands collectionneurs de livres ne furent que très rarement des connaisseurs éclairés, des artistes de goût ou des savants impeccables, et que parmi eux il y eut un nombre excessif de faux croyants et d'incurables ignorants qui, par genre, pour se mettre au rang des hommes de qualité, formèrent, avec l'aide de secrétaires distingués, d'importantes bibliothèques dans le goût du jour, n'ayant pour unique préoccupation que de paraître doctes et de briller aux yeux de leurs contemporains.

La revue des femmes futiles et des reines de la main gauche qui laissèrent après elles des bibliothèques savamment préparées et soignées suffirait à démontrer quel fut naguère l'empire de la mode parmi les courtisans et les courtisanes des régimes disparus. Chaque époque, en Bibliophilie comme en toute autre chose, a déployé ses emballements irraisonnés, ses raretés surfaites et ses poussées vers une même catégorie d'éditions ou un même genre de littérature. L'histoire des variations dans le goût des livres ne pourrait mieux s'étayer que sur l'histoire des modes, des mœurs et des idées en France ; car tout s'y modèle ou s'y transforme selon les expressions d'une esthétique, qui, à vrai dire, changent ou se modifient plus de trois fois par siècle.

Il ne m'appartient pas, en ces quelques pages de causerie, de faire le sommaire ou le précis de cette étude curieuse ; mais je dois indiquer, au début de ces pages sur la Bibliophilie contemporaine, que si la Mode a accéléré ses changements au cours de ce siècle, dont la production fut si torrentueuse, nos prédécesseurs durent, — dans des proportions peut-être moindres, — compter avec elle, et que nous ne sommes en définitive ni meilleurs, ni pires que nos devanciers.

La Bibliophilie moderne, qui indique à peine à l'heure présente son mouvement d'évolution, mais qui déjà commence à mettre en discrédit le livre ancien si longtemps adulé, envié et accueilli avec dévotion dans les bibliothèques, cette Bibliophilie nouvelle qui attire sur elle l'attention, qui sous peu formulera ses lois avec netteté, exposera ses ambitions, exprimera son art, cette rénovatrice encore discutée possède à la fois comme moyens d'action la jeunesse, la raison, l'esprit d'aventure et d'initiative. Elle est destinée à vaincre tous les obstacles, toutes les oppositions, car elle arrive bien munie pour intéresser directement les hommes par l'art, l'ingéniosité, la recherche des procédés nouveaux et même par l'agio qui s'attache à ses productions. — Elle a pour elle le présent et l'avenir, car elle prétend rompre avec les traditions et les routines, donner aux auteurs de ce temps une typographie inédite, ainsi que des expressions et des formes décoratives contemporaines. Elle peut et doit donc affirmer sa suprématie sur des œuvres trop idolâtrées des XVe, XVIe et XVIII siècles.

La Bibliophilie moderne, telle que je la puis apprécier actuellement en France dans ses manifestations de renouveau, mérite d'être envisagée rapidement, tant au point de vue de son origine et de ses tendances qu'à celui des adeptes qu'elle a formés et des arts qu'elle doit nécessairement créer.

II

Durant les quarante premières années de ce siècle, il n'y eut en France aucun effort voulu, cherché, aucune préoccupation artistique du livre, qu'on ne concevait pas spécialement exécuté pour une élite d'amateurs et de curieux. Sous l'Empire et sous la Restauration, on imprima des « horreurs » d'un style néo-gothique ou napoléo-grec, sans aucun intérêt ni dans la typographie, ni dans les illustrations, généralement fades et médiocres..

Le goût romantique succéda à ces productions composites, mais, sauf quelques eaux-fortes ou lithographies de Nanteuil, quelques vignettes sur bois plutôt extravagantes que vraiment originales, on ne vit pas, de 1830 à 1840, sortir dix ouvrages vraiment hors ligne des presses parisiennes. Les publications de 1830 ne sont recommandables que par la laideur de leur expression d'ensemble, par la fragilité et la rugosité de leur papier de coton, par l'excessive dimension des blancs et des marges et par la puérile prétention de la bizarrerie dans le caractère d'impression. Peu ou point d'art dans les ornements décoratifs, aucun essai original pour les frontispices et les couvertures. La folie humaine cependant ne perd jamais ses droits, et les premières publications de Victor Hugo, de Musset, de Théophile Gautier, de Pétrus Borel, eurent leur heure de succès et de folles enchères, malgré le néant de leur beauté réelle ou de leur valeur intrinsèque.

En 1840 apparut enfin une génération d'éditeurs qui, sans songer aux Bibliophiles proprement dits, s'efforcèrent néanmoins de ramener, non sans beaucoup de sens et d'esprit, l'art et le goût dans la confection du livre. Les Curmer, les Bourdin, les Perrotin, les Janet, les Dubochet, les Hetzel, — s'inspirant peut-être, à vrai dire, de certaines publications du style « keepsake » des Anglais, — mirent au jour coup sur coup de sérieux et superbes ouvrages, demeurés depuis lors célèbres, et qui, après avoir été dépréciés, vendus presque au poids du papier, traînés sur les parapets des quais, furent, depuis quinze ans, recherchés avec passion. Tel est le destin des choses de ce monde, — plus particulièrement des Livres, — et les éditions du Paul et Virginie de Johannot, du Gil Blas de Gigoux, du Jérôme Paturot, et des Œuvres choisies de Gavarni, sans oublier les Français et les Anglais peints par eux-mêmes, ont eu longtemps à subir les influences des modes et la loi des tardives appréciations. — Aujourd'hui ils ont été consacrés par les Libraires intéressés à leur vogue.

De 1840 à 1850, ce mouvement rénovateur dans l'édition française s'accentua, puis décrut ; ce fut Poulet-Malassis qui vint souder un nouvel anneau à la chaîne historique de notre librairie d'art et poser véritablement les assises de la Bibliophilie moderne.

Le nombre des livres publiés par Auguste Poulet-Malassis n'est pas excessivement important, bien qu'il ait eu l'honneur du catalogue Maes, le luxe des publications sorties de sa boutique du passage des Princes n'affecte pas une allure anormale et un aspect éclatant. A peine quelques jolis frontispices à l'eau-forte, des titres rouge et noir et une typographie soignée et élégante. Mais, au moins, Malassis inaugurait une manière en éditant d'une façon correcte et déjà raffinée les auteurs les plus audacieux du temps. Il mettait Baudelaire en vedette, à côté de Banville, de Théophile Gautier, de Leconte de Lisle, de Vitu, de Glatigny et de vingt autres poètes et prosateurs de premier ordre, ouvrant ainsi à la littérature d'art un asile, créant un mouvement, inaugurant la théorie des Pauci sed elecli, qui fut depuis si chère aux vrais lettrés et à tous les nouveaux colligeurs de livres, soucieux du tirage à petit nombre.

Malassis disparut, fit faillite, devint bibliographe, édita en Belgique des Curiosités, mais peu importe, il avait semé une idée qui ne tarda pas à être reprise pour le compte d'Alphonse Lemerre, lequel devint l'éditeur des Parnassiens et le publicateur des anciens poètes de la pléiade, depuis Clément Marot jusqu'à Ronsard et Dubellay.

Jouaust apparut alors, fondant cette librairie des Bibliophiles qui, durant près de vingt ans, publia avec des procédés d'illustration à l'eau-forte presque tous les chefs-d'œuvre de notre littérature en éditions à petit nombre, avec tirages spéciaux sur grand papier, sur chine et sur wattman (le japon vint plus tard). La Bibliophilie moderne avait une base, et toute une génération d'amateurs naquit alors en France, et aussi à l'étranger. Des éditeurs sortaient de toute part, après la guerre franco-allemande : les Bachelin-Deflorenne, les A. Aubry, les Techner, les Claudin,les Rouveyre, les Glady frères, et les publications de luxe foisonnèrent vers 1880, avec une si grande abondance et une telle poussée d'œuvres médiocres, que la débâcle fatale, logique, prévue, arriva, la production dépassant de beaucoup la consommation. — Il ne resta plus sur le marché parisien que les derniers venus, les plus prudents et les mieux avisés : les Quantin, les Launette, les Conquet, les Testard et quelques autres, qui depuis se manifestèrent avec quelques ouvrages de goût.

Mais de tant d'efforts réunis, de si nombreuses tentatives pour la mise en exploitation réglée de l'amour des livres, il ne s'était dégagé que fort peu d'œuvres vraiment originales et exprimant dans leurs formes typographiques un désir de sortir du convenu et du « déjà fait ». Beaucoup d'imitation, peu de nouveau et d'inédit dans la physionomie des livres de ce temps ; à peine, de-ci de-là, quelques publications sortant du moule uniforme, telles que celles de L'Éventail et de L'Ombrelle, en 1881 et 1882 ; une assez grande méfiance du public pour les procédés d'innovation. Il fallut combattre l'apathie générale, prêcher la croisade contre la routine et l'éternel recommencement. La revue Le Livre, puis Le Livre moderne, de 1880 à 1891, s'y employèrent avec ardeur ; mais les Bibliophiles de la vieille garde résistèrent longtemps, refusant de se rendre à l'évidence, protestant, défendant les vieux us, bien qu'ils sentissent l'édifice crouler de toute part.

De jeunes amateurs, par contre, se formaient, épousant avec ardeur les idées nouvelles, sentant le besoin de créer enfin des Livres de style XIXe siècle, de sortir des règles étroites de la typographie, de renouveler la gravure et d'apporter dans la décoration extérieure des bouquins une esthétique appropriée à nos conceptions actuelles, au lieu de recopier sans cesse les reliures des Le Gascon, des Duseuil, des Derome et des Thouvenin. On peut dire aujourd'hui que la victoire se dessine en faveur des modernistes. Soyons contemporains ! tel est le mot du jour ; les ventes des livres du siècle obtiennent de retentissantes enchères et, tandis que se terminent, non sans inquiétude, les ventes des derniers bibliophiles de grande marque, selon les vieilles formules, le libraire Morgan, le Quaritch parisien, naguère encore le rempart des livres d'antan et des vieux maroquins, déclare à tout venant qu'il redoute d'avoir à se consacrer au moderne et que les temps sont proches où les Alde, les Vascosan, les Plantin les plus extraordinaires seront délaissés pour les grands beaux livres de ces dernières années, enrichis de dessins originaux et vêtus d'un habit mosaïque ou fleuri et ciselé, à la mode du jour.

III

La Bibliophilie moderne possède un champ d'exercice presque illimité, car il appartient à chaque amateur intelligent de choisir sa voie parmi les innombrables chemins dont son domaine est sillonné. La production littéraire de ce temps est si abondante que chacun rêve de parures hors ligne pour ses auteurs préférés. C'est à qui cherchera des éditions à larges marges, sur fort papier de Hollande ou d'Angleterre, pour les faire illustrer à grands frais par des artistes aquarellistes connus pour cette spécialité, sinon par les maîtres illustrateurs de ce temps.

On abandonne les grands génies de l'humanité pour s'occuper de mettre en valeur les textes de Flaubert, de Zola, de Daudet, de Loti, de Maupassant, qui nous causèrent de si exquises ou de si profondes sensations intellectuelles. De celui-ci on choisit une nouvelle considérée comme chef-d'œuvre, de celui-là on extrait un conte qu'on admire à l'égal d'une perle rare, de tel autre on élague l'œuvre parasite, et l'on forme ainsi, de-ci, de-là, des bibliothèques choisies, raffinées, qui, si elles ne contiennent pas toute l'élite des productions de ce jour, offrent au moins une sélection intéressante et conforme à la fantaisie ou au goût de son propriétaire. Nous ne pouvons encore voir et juger ce que cette façon de faire pourra produire de définitif et léguer à nos descendants, mais en tout cas la tentative est heureuse ; elle encourage les jeunes artistes et les enrichit quelquefois. Elle forme des petits Mécènes, et crée un nombre considérable de livres uniques et originaux qui sont et seront fort amusants à regarder, et pourront inspirer et documenter les éditeurs de l'avenir tentés de fournir une réimpression de tel ou tel de nos romanciers ou conteurs, si tant est qu'ils survivent aux faciles engouements de l'heure présente.

Les Bibliophiles modernes se sont enfin rendu compte, après le déluge de nouvelles éditions illustrées qui se sont succédé et qui, toutes, s'attaquaient, depuis vingt ans, aux œuvres de Sterne, de l'abbé Prévost, de Voltaire ou de J.-J. Rousseau, qu'on ne peut être vraiment documenté que sur son propre temps, et que tenter la reconstitution des époques disparues pour mettre en scène Manon Lescaut ou Clarisse Harlowe, le Voyage sentimental ou Candide, les Confessions ou toute autre œuvre du siècle dernier, est une singulière folie qui n'aboutit jamais qu'à des à peu près illusoires.

On a donc abandonné peu à peu, avec raison, les publications rétrospectives, qui n'ont été que trop souvent éditées sous tous les formats possibles, et lentement le bibliophile s'est appris à ne plus s'enthousiasmer pour des textes gothiques illisibles, pour les primitifs volumes des éditions classiques. Il a eu la notion de la valeur de son milieu, et la curiosité lui est venue de voir reproduites des choses parmi lesquelles il se meut. Il a alors négligé les anciens textes pour les nouveaux, et tous les bibliophiles des générations montantes ont emboîté et emboîteront plus fermement encore le pas dans un avenir assez prompt. La fortune des vieux livres se trouve ainsi ramenée à des conditions plus normales : c'est une loi générale, en art moderne, d'établir des praticables pour les nouveaux venus, de soigner ses proches, et les prix atteints par les Meissonier ou les Millet dépassent depuis vingt ans, on le sait, ceux des plus beaux Titien ou des plus éclatants Véronèse.

Durant ces cinquante dernières années, les modernes amateurs qui aiment et recherchent ce que l'on nomme la curiosité ont d'amples moissons à espérer récolter parmi la foisonnante production littéraire et artistique de ce temps, au milieu de laquelle figurent tant de journaux satiriques et illustrés, tant de brochures, de pamphlets, de revues, de plaquettes de toute nature. Ils peuvent dans cette agglomération découvrir des pièces étonnantes, former des collections qui serviront à l'histoire de la littérature et préparer ainsi le travail de la postérité, lorsqu'il s'agira pour elle, — la pauvre ! — de se débrouiller au milieu du chaos que les chutes successives des feuilles imprimées auront créé dans nos archives publiques.

La seule désignation des livres à rechercher, des études à tenter, des chemins à tracer à travers les montagnes d'imprimés de la seconde moitié de ce siècle formerait un livre fort abondant, car tout est encore à faire : bibliographies, index, catalogues, groupements ! Nous nous dirigeons encore à tâtons et en trébuchant au milieu des ruines littéraires de la veille ; pourquoi nous aviserions-nous aujourd'hui de nous préoccuper des époques où Diderot, Voltaire, Corneille, Montaigne et Shakespeare régnèrent ? — Les siècles passés sont déjà sillonnés d'investigation ; le nôtre, le Siècle de Hugo, est encore en friche ; bibliographes et bibliophiles ont donc le devoir de ne plus s'attarder aux vagabondages lointains, mais de se mettre à la besogne en colligeant et recueillant les livres rares et curieux publiés de 1800 à nos jours. Les éditeurs les aideront d'autant plus volontiers qu'ils sentent dans l'air ce renouveau du goût public. On fut naguère indulgent aux tendances rétrospectives des libraires, mais le moment actuel leur est plus inclément. — L'éditeur de livre de luxe ou d'érudition doit aujourd'hui, pour être suivi par les amateurs et les lettrés, produire des livres essentiellement modernes et exprimant, sinon des formes inusitées, du moins des recherches vers des procédés inédits.

Chaque génération s'est toujours efforcée d'exprimer son type, son expression, sa formule, dans le livre aussi bien qu'en arts graphiques et plastiques ; nous avons eu bibliophiliquement différents âges en ces dernières soixante années : l'âge du bois gravé, puis l'âge de l'acier, puis celui de la gravure sur pierre ou lithographie, enfin celui de l'eau-forte très maniérée ; nous sortons à peine de l'âge du zinc et de la photogravure en relief et en creux. La loi des transformations, qui nous pousse en avant, nous impose une nouvelle méthode. Nous ne saurions dire ce qu'elle sera, mais tout nous fait pressentir que l'effort se portera vers l'illustration en couleur, vers la polychromie, dominant avec gaieté et éclat la monotonie noire des pages typographiées. La couleur doit triompher dans la décoration moderne des livres ; elle doit éclater avec fantaisie et idéalisme, non pas en s'efforçant de se rapprocher de la nature et de l'interpréter servilement et photographiquement, mais, bien au contraire, en s'en éloignant, en demeurant dans une constante convention, dans une sorte de vague imagerie irréelle, avec des transpositions hardies de tons ainsi que nous l'enseignent les Japonais. C'est de l'extrême Orient que nous sont venues nos nouvelles théories de perspectives dans l'art, c'est également de là que nous saurons tirer des exemples de mises en couleurs à la fois harmonieuses et franchement opposées.

Déjà la chromotypographie a cherché à s'emparer de la vogue réservée aux ouvrages polychromes, mais elle n'y réussit qu'à moitié. Les aquarelles obtenues par le repérage typographique, outre qu'elles sont fort coûteuses, restent forcément uniformes de valeur dans une même feuille tirée ; de plus, quelles que soient l'habileté des découpages, la finesse de la gravure, la précision du repérage, l'aspect général est froid et imparfait ; on y retrouve le procédé brutal, la platitude forcée des reliefs et l'éclat fatigant, huileux, des encres grasses d'imprimerie. Les couleurs à l'eau employées sur des papiers sans colle, à la façon des Japonais, offriraient certainement un aspect infiniment plus mat et plus conforme à notre idéal ; avec une addition d'alun, de fécule et de glycérine, on les pourrait employer sur presses ; elles donneraient l'illusion de véritables aquarelles se jouant dans les marges et mourant sur la masse serrée du texte ; mais la routine s'impose aux imprimeurs, et, comme depuis Gutenberg on imprime les vignettes à l'huile, l'impulsion les force à continuer. Le préjugé est plus fort qui les empêche de chercher à faire autrement.

La gravure en couleur en creux, par gravure sur cuivre à la teinte, à la manière noire, au burin ou à la pointe sèche, donnera, pensons-nous, des résultats surprenants, lorsque les aqua-fortistes modernes s'appliqueront à étudier la décomposition des couleurs par planches successives et repérées, à la manière de Debucourt et des maîtres anglais du XVIIIe siècle. Déjà beaucoup s'y sont appliqués, mais d'une façon maniérée, avec trop de travail de pointe et une originalité insuffisante. Ici encore on a imité les anciens, on a prétendu faire de la reconstitution ou du fac-similé d'aquarelle. Ce n'est point du tout la voie à suivre pour la chromogravure, qui ne peut devenir intéressante et personnelle qu'entre les mains des peintres-graveurs et non des interprètes, eussent-ils l'habileté de l'excellent graveur Gaujean. — Le peintre Kerkomer, de l'Académie royale de Londres, vient récemment de découvrir un procédé de gravure dont on peut attendre les meilleurs résultats d'avenir.

Ce qu'il faut saisir et mettre en relief avec puissance et talent dans cette rénovation de la gravure en couleur, c'est la vie contemporaine avec son frémissement d'activité et son caractère varié, sa force brutale ; ce qu'il faut rendre, ce ne sont point de mièvres sujets de genre dans le style des Delort ou des Kaemmerer, évoquant des scènes d'opéra-comique ou des peintures romantiques et sentimentales, mais la prise sur le fait de notre vie courante, dans le décor même où elle évolue. Ce sont nos types, nos mœurs, notre façon d'être qu'il faut peindre ; ce sont nos misères, nos plaisirs, nos repos ; ce sont nos quartiers pauvres, nos cythères et nos campagnes, et tout cela demande à être traité d'une façon large, grasse, vigoureuse, par de vrais artistes, sûrs de leur dessin et de leur métier d'interprète. Tout fait supposer que ce siècle ne s'achèvera pas sans que quelques beaux livres soient supérieurement illustrés par des planches de maîtres peintres exécutées dans le sens absolu que j'indique ici, sans y pouvoir insister.

La chromolithographie en couleur, imprimée sans vernis, avec les simples tubes à l'huile employés par les peintres pour leurs tableaux, donnera également de très brillantes illustrations d'aspect mat. La lithographie en noir, quels qu'aient pu être les efforts tentés pour la ressusciter, n'a aucune chance de revivre dans la décoration du livre. Elle est toujours terne, grise, et le grain, même le plus moelleux, que donne la pierre, ne peut arriver à se marier heureusement à la netteté typographique. — Dans la lithographie en couleur, par pierres successives se repérant, l'effet obtenu est toujours harmonieux, vaporeux, léger, pour ainsi dire dans un second plan très délicat, qui convient admirablement à l'entourage du texte. Dans cet art nouveau, tout est à faire ; un jeune peintre-lithographe, M. Lunois, a déjà exécuté des ornementations encore inédites qui sont d'un goût exquis. Il faut penser qu'il fera école et que d'autres amoureux du dessin sur pierre le suivront dans cette voie, qui demeure ouverte à toutes les bonnes volontés.

Ce qui a vécu également, ce qui est enterré définitivement, espérons-le, c'est la gravure médiocre ou banale, le froid burin, la maigre pointe sèche des interprètes, que certains éditeurs patronnent encore par impuissance de faire autre chose. — La gravure des peintres-graveurs apporte seule une expression d'art et offre un intérêt pour l'amateur ; l'autre ne signifie que peu de chose, ce ne peut être qu'une plate adaptation où il manquera toujours l'âme de l'artiste créateur.

C'est cependant à ces procédés de seconde main que nous devons une grande partie des livres de bibliophiles qui ont paru depuis vingt ans chez Jouaust et chez les tout petits libraires-éditeurs qui ont imité sa médiocre façon d'opérer à la portée de tout le monde. L'heure enfin approche où les acheteurs, moins ignorants des questions d'art, réclameront autre chose que des images sans caractère, et où la fonction d'éditeur ne sera plus à la portée des premiers négociants venus.

Je me flatte du moins de cette clairvoyance, et je veux espérer que si la grosse librairie peut être gérée par des hommes de flair, à l'esprit ouvert et suffisamment lettré, l'autre, la librairie d'exception et de luxe, ne pourra plus, j'imagine, d'ici vingt ans, être conduite que par des artistes chercheurs, intuitifs, connaisseurs de tous les trucs et de tous les procédés, capables non seulement de diriger, mais de suggestionner les décorateurs qu'ils emploieront. Aux entrepreneurs sans mandat succéderont les Mécènes éclairés ; la librairie aura, — acceptons-en l'augure ! — sa Renaissance, ses François Ier, ses Léon X et ses Médicis.

Tout est à faire dans la fabrication même du livre, tout est à tenter, depuis le papier qui se traîne dans un lamentable état de rengaine, et pour lequel on ne cherche point de nouveau, jusqu'à la forme des caractères qui s'est arrêtée à la conception du type connu sous le nom de Didot chez nous.

Qui nous donnera un William Morris, créateur de caractères pratiques et de belle forme ! Les Américains et les Anglais font plus d'efforts pour sortir du convenu ; ils créent chaque jour des types encore inédits, des fantaisies typographiques ; les journaux spéciaux, qui abondent, nous montrent que les fonderies de caractères se remuent, que les photograveurs se multiplient, que tous les arts du livre s'agitent dans une incessante préoccupation de mieux faire. Cela est consolant, car, d'où que vienne le progrès, il vaut le salut et la reconnaissance des hommes. Le patriotisme ne peut apporter ici sa vanité étroite ; ainsi que sur tous les champs de bataille, la victoire est aux habiles, aux plus remuants, aux mieux doués pour la lutte : Vae victis !

Malheur aux optimistes ! La philosophie du Dr Pangloss ne convient pas aux nations. Non, tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, ce serait affirmer une imbécile loi de stagnation et de stérilité. Le progressiste, lui, est plus pessimiste : il croit au mal pour espérer le mieux, et dans la marche de l'humanité, il n'est point encore prouvé que le mieux soit toujours « l'ennemi du bien ».

IV

Le bibliophile moderne peu à peu, disons-nous, a formé son éducation ; il n'est pas encore toutefois aussi fort au courant qu'on le pourrait souhaiter de toutes les sciences techniques du livre. Il se rend très imparfaitement compte des difficultés vaincues, des obstacles surmontés, mais il sait en apprécier le résultat. Son sens est affiné ; il va d'instinct à ce qui est beau ; il apprécie la nouveauté et se déclare las des livres imagés de gravures hors texte sans originalité. Il conçoit fort bien qu'un beau volume contemporain ne doit pas être seulement un ouvrage d'une correcte typographie avec, de-ci et de-là, tous les deux ou trois chapitres, une estampe quelconque brochée sur onglet, mais il entend aujourd'hui que livre et illustration s'épousent plus légitimement, que le mariage soit plus étroit, plus amoureux, plus complet ; que le bloc soit fondu, entremêlé, indissolublement lié ; le texte embrassant les vignettes et les vignettes se confondant avec le caractère dans une entente agréable à l'œil, où rien ne choque : ni la hauteur de page, ni la blancheur de l'interligne, ni la dimension des marges, ni même l'irrégularité et la mise au rancart des vieilles lois et règles de la typographie classique.

Bien que des libraires en vogue qui règnent près des boulevards aient fait le possible pour pousser le bibliophile contemporain vers la banalité courante et les publications à type régulier, l'amateur a résisté ; il a passé outre et ne s'est plus laissé conduire. Les artistes expressifs l'ont séduit, les graveurs originaux ont eu son approbation et l'on peut être assuré de trouver, à l'heure présente, deux ou trois cents amateurs en France pour appuyer de leur crédit et de leur bourse toute publication d'art, même ésotérique et hermétique, dont le programme leur serait exposé à l'avance.

Pour la reliure, le progrès est non moins appréciable. Depuis quinze ans, toute une révolution s'est opérée dans la bibliopégie, et le fameux Trautz-Bauzonnet, qui fit l'admiration de plusieurs générations privées du sentiment artiste par ses décorations poncives n'ayant pour elles que la perfection du métier, n'exciterait assurément plus aujourd'hui l'enthousiasme à un même degré.

L'amateur est plus exigeant ; il ne réclame pas, comme naguère, sur les plats de ses volumes, de modestes filets, de sinueux entrelacs, de timides arabesques : tout cela est bien pâlot, en dépit des fanfares de dorures qui peuvent éclater sur le poli des maroquins. Il demande pour ses plats et ses dos une dépense moins géométrique et plus conforme à la nature. Les mosaïques polychromes l'ont conquis ; il exige des fleurs hardiment jetées en travers du livre, des oiseaux posés sur des branches fleuries, des allégories ingénieusement conçues, des motifs empruntés à l'art grec ou au style pompéien ; il recherche la soie brochée ou les tissus de ses gardes, la disposition de ses doublures ; il n'hésite pas parfois à faire graver ses petits fers, et il sourit de la simplicité de nos prédécesseurs qui, — il n'y a pas dix ans encore, — nous parlaient avec emphase de leurs dentelles intérieures, de leurs roulettes et de leurs huit à dix filets parallèles.

Comme tout cela est déjà loin de nous, et combien supérieurs à leurs prédécesseurs, aux Bozerian, aux Chambolle, aux Lortic sont aujourd'hui les Charles Meunier, les Mercier, les Pierre Ruban, les René Wiener, sans parler des décorateurs plus fantaisistes qui s'apprêtent à entrer en scène, comme les Victor Prouvé, les Camille Martin, qui paraissent vouloir créer des ornementations surprenantes.

Pour nous résumer, on peut dire que l'art du livre sort à peine de la torpeur et de la routine que lui laissait suivre docilement une tradition trop mesquine et trop étroite. Cet art s'éveille, et — ainsi que tous les arts décoratifs — il est appelé à marcher hardiment en avant, par étapes forcées, durant les dernières années qui nous séparent de 1900. Nous le verrons se développer dans ces proches années avec une surabondance de sève nouvelle avant que de disparaître par la loi des choses et de céder à la fatalité des inventions qui se préparent et qui peut-être le menacent.

Qui pourrait nous dire, en effet, ce que sera l'état de la Bibliophilie en l'an 2000 ? — L'art de l'impression typographique existera-t-il encore à cette date, et le phonographe, aidé du kinétographe que l'ingénieux Edison me faisait voir pour la première fois il y a trois ans à Orange Park, près de New-Jersey, ne remplacera-t-il pas définitivement le papier imprimé et l'illustration avec quelque avantage ?

Personne ne songe encore à s'inquiéter de cette atteinte mortelle dont les métiers graphiques sont menacés, mais il n'est pas trop fantaisiste de prévoir la mise en désuétude de l'invention de Gutenberg, et ce n'est pas ébaucher un paradoxe que d'envisager que peut-être nous sommes les derniers bibliophiles modernes. Nos fils, sinon nos petits-neveux, écouteront sans doute sur un cylindre phonographique les phrases de nos littérateurs futurs qu'ils ne liront plus, et, par un retour de toutes choses, les rouleaux pour phonographes joueront un rôle analogue à celui que jouèrent les trouvères du XIIIe siècle, qui portaient partout l'esprit de nos chansons et les héroïques récits de nos épopées. Mais le plus sage est de fermer les yeux sur cet avenir incertain !

 

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Octave Uzanne "La bibliophilie moderne, ses origines, ses étapes, ses formes actuelles" in La Revue encyclopédique n°133 (1896)

Commenter cet article

J
Article bien connu des uzannistes : l'histoire de la bibliophilie, depuis 1896, a montré combien Uzanne, qui a souvent écrit des vérités que d'autres préféraient taire, s'est trompé dans son analyse.<br /> &quot;L'histoire de la Bibliophilie a été fréquemment écrite, sous diverses formes et d'après de multiples programmes ; mais je ne crois point qu'elle ait jamais été étudiée au point de vue exclusif de la variation dans les idées et les goûts des amateurs. Je ne suppose pas davantage qu'un érudit se soit encore appliqué à rechercher la part de vanité, d'ostentation, de snobisme, qui à toutes les époques s'est confondue dans l'apparente passion des livres.&quot; : c'est ceque nous tentons de faire, - avec combien de difficulté ! - dans http://histoire-bibliophilie.blogspot.fr
Répondre

Présentation

 

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est animé par :

 

(Photographie : Jean-Luc Boutel)

 

Christine Luce

 

Samuel Minne

 

Fabrice Mundzik

 

Liste des contributeurs

 

Articles récents

Quelques dépoussiéreurs :

e-Bulles d’encre

 

À propos de Littérature Populaire

 

Sur l’autre face du monde

 
Les Moutons électriques
 
Éditions Bibliogs
 
nooSFere
 
Mémoires trouvées dans une braderie
 
C.E.R.L.I.
 
ten birds flying
 

***

« Il vivait dans les livres, et quels livres ! Des romans d’aventures ! Deux placards de son salon en étant remplis ; ils débordaient dans la chambre à coucher.

— Des nids à poussière, ronchonnait la femme de ménage. »

[extrait de L’Énigme du « Redoutable », par J.-H. Rosny Jeune]

***

Des blogs en partage :

 

Neverland

 

Octave Uzanne bibliophile

 

CyberneticZoo

 
Le retour du Tenancier

 

Hébergé par Overblog