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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

Publié le par Fabrice Mundzik
Publié dans : #Georges Tiret-Bognet, #Les Quat'z-arts, #Soleil, #Astronautique, #Espace, #Cataclysme, #Astronomie, #Dieu, #Fin du monde

"À qui est la Terre ?", par Georges Tiret-Bognet, est paru dans Les Quat'z-arts du 14 mai 1898.

 

À qui est la Terre ?

 

Je ne crains rien, dit le Gaulois

Sinon que le ciel me tombe sur la tête.

 

Le soleil était las ! Comme il tournait sur lui
Et brassait la matière en sa flamme plongée,
En chassant de son axe une courbe allongée
Sa masse avait fléchi.


Après des siècles d'or où le mystère habite,
Vers l'impassible éther que nous nommons l'azur,
Il allait entrouvrir, fruit d'un âge trop mûr,
Son orbe qui gravite.


La semence écumait en son sein bouillonnant
Et s'écartant toujours de la force du centre,
Partait comme un torrent déchaîné de son antre
Avec un bruit tonnant.


Il en pleuvait partout, et jusque sur la Terre :
Pareils à des grêlons crevant les toits vitrés,
C'étaient des blocs en feu qui, par elle attirés,
Fendaient son atmosphère.


C'étaient larmes de lave et gouttes de granit
Couvrant de leurs sifflets les plaintes et les râles ;
Leur passage écrasait palais et cathédrales
Et l'oiseau de son nid.


C'était la fin des champs, c'était la fin des villes :
Les peuples éperdus se pardonnaient entre eux ;
Sur les remparts croulants leurs canons monstrueux
Se tordaient inutiles.


En vain sur des moignons rampaient les estropiés,
La Mort pour les reprendre avait toujours des ailes
Et l'on voyait tomber, à leur poste fidèles,
Gendarmes et pompiers.


Qui dira la détresse et la terreur des foules ?
Les chevaux se cabrant sur les débris des chars,
Les mères épuisant, dans ces derniers hasards,
Leurs tendresses de poules.


Le riche n'avait pas plus que d'autres l'abri :
Dans la cave où l'égout il cherchait un refuge ;
Le malheur grandissait comme au jour du Déluge,
Et pire était le cri !


C'était la fin des temps, c'était la fin du monde ;
L'espérance avait fui des cœurs sans lendemain
Ainsi qu'un matelot voit filer de sa main
Le cordeau d'une sonde.


Or, un fils des Gaulois, qui n'avait pas la foi
Serra tout simplement le cran de sa ceinture
 Et dit sans s'émouvoir de ton trouble, ô Nature :
« On n'est donc plus chez soi ? »

Georges Tiret-Bognet - À qui est la Terre ? (1898)

Georges Tiret-Bognet - À qui est la Terre ? (1898)

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