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Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Amicale des Amateurs de Nids à Poussière

Le Blog de l'Amicale Des Amateurs de Nids À Poussière (A.D.A.N.A.P.) est un lieu de perdition dans lequel nous présentons revues, vieux papiers, journaux, ouvrages anciens ou récents, qui s'empilent un peu partout, avec un seul objectif : PARTAGER !

Publié le par Fabrice Mundzik
Publié dans : #Arthur Thiele, #C. de Montguilhem, #Journal des Voyages, #Anticipation Ancienne, #Guerre dans les airs, #Moltke

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

 

La caricature a l'étranger : La guerre dans les airs

Un journal parisien donnait ces jours-ci le bilan de la guerre en Europe depuis le commencement du siècle.

La nation qui a été le plus constamment en état de guerre est la Turquie. Jusqu'à ce jour, sur les 97 années écoulées, elle en a passé 38 en état de guerre et 59 en état de paix.

Puis vient le royaume d'Espagne qui a guerroyé 32 années pendant ce siècle. Et il n'est pas question de sa récente campagne contre les États-Unis. Au troisième rang, il faut citer la France avec 27 années de guerre, la Prusse avec 24, l'Italie avec 23, l'Angleterre avec 21. L’Allemagne — la Prusse non comprise — vient ensuite avec 14 années, la Suède avec 10, le Danemark avec 9.

Cet instructif tableau mériterait d'être complété. La curiosité publique y est amorcée seulement, et l'on voudrait savoir combien ces guerres ont coûté en livres, francs et centimes, et surtout ce qu'elles ont dévoré d'existences humaines. La chair à canon, succédant à la chair à l'épieu, à la chair au martel, a fait de terribles brèches dans le monde des vivants. Il est mort, à la guerre, depuis cinq cents ans seulement, plus de gens qu'il n'en vit sur la terre entière.

« La guerre, c'est le meurtre, c'est le vol, disait Girardin ; — c'est le meurtre, c'est le vol acclamés, blasonnés, délignifiés, couronnés ; — c'est le meurtre, c'est le vol, soustraits à l'échafaud par l'arc de triomphe ; — c'est le meurtre, c'est le vol, moins le châtiment et la honte, plus l'impunité et la gloire ; — c'est l'inconséquence légale, car c'est la société ordonnant ce qu'elle défend, et défendant ce qu'elle ordonne, récompensant ce qu'elle punit, et punissant ce qu'elle récompense, glorifiant ce qu'elle flétrit, et flétrissant ce qu'elle glorifie ; le fait étant le même, le nom seul étant différent. »

Bien d'autres paroles ont été prononcées dans le même sens, de tout temps et par les penseurs les plus émérites. Mais il n'en est pas moins réel que, depuis l'origine des siècles, les hommes se sont battus en groupes, de peuple à peuple, comme ils se sont battus individuellement. Et d'aucuns ont admis ce droit, en principe. « Les nations, dit Vatel, peuvent se faire justice elles-mêmes, les armes à la main, quand on la leur refuse. » M. de Moltke allait plus loin, il trouvait la guerre une institution non seulement bienfaisante mais essentiellement morale.

Un moment, les philanthropes, les partisans de la paix purent croire que la guerre avait dit son dernier mot, à cause du perfectionnement des engins meurtriers. Ce fut au moment de la guerre de Sécession aux États-Unis. Les batteries flottantes, les projectiles explosifs, les canons monstres, les fusils à longue portée et à tir rapide semblaient rendre tout combat impossible. À la première décharge, les deux armées seraient couchées à terre, disait-on... On sait ce qui en advint. Le nombre des combattants fut quintuplé, décuplé. Des nations entières sont sous les armes. Il y a dix fois plus de morts qu'avant, et les engins du temps de la guerre de Sécession sont des joujoux à côté de ceux dont nous remplissons nos arsenaux en vue d'une conflagration générale, suspendue sur nos têtes.

Cette conflagration, on cherche à l'éviter, et l'initiative récente du tzar marquera peut-être le commencement d'une ère bénie. Sa proposition de réunir les chefs d'État, en vue d'étudier les moyens propres à amener le désarmement, constitue, à elle seule, un pas important, qui peut activer la solution d'une question que personne n'osait envisager, à plus forte raison soulever. Les nations généreuses seront de cœur et d'action avec l'empereur russe ; mais d'autres continueront à désirer la continuation de l'armement à outrance. Nous n'en voulons pour preuve que le dessin qui accompagne cet article. Il est allemand, nous n'avons pas besoin de le dire, et nous montre la guerre transportée dans les airs, après avoir épuisé tous les moyens terrestres de s'entre-détruire.

On dira que c'est une caricature, c'est vrai. Mais la caricature est le plus souvent le reflet de l'intime pensée. Ces bataillons ailés, ces bastilles jetant des liquides incendiaires ou toxiques, ces ballons transportant les réserves, c'est le contraire du désarmement. De plus fort en plus fort est la devise des nations guerrières, et l'usine Krupp n'est pas près de fermer ses portes.

Pour la guerre aérienne, espérons qu'elle restera dans les nuages.

C. de Montguilhem.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

C. de Montguilhem, « La guerre dans les airs », in Journal des Voyages n°98, 16 octobre 1898. Illustration de Arth. (Arthur) Thiele.

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