« Astres domestiques », de François Fosca, est paru dans Le Figaro du 27 mars 1933.
Astres domestiques
Oui, domestiques, au sens où le sont certains animaux, l'âne, le bœuf et le chien.
Ne vient-on pas de nous envoyer d'Amérique la nouvelle que l'étoile Arcturus inaugurerait l'Exposition internationale de Chicago ?
A l'heure voulue, amplifiée par une cellule photo-électrique, sa lumière fera rugir les sirènes, tourner les moteurs, rayonner les projecteurs.
« Accroche ta charrette à une étoile », conseillait Emerson à ses compatriotes, pour les inciter à plus d'idéalisme. Il ne se doutait pas qu'un jour ils le prendraient si bien au mot.
Autrefois, c'était un grand de la terre que l'on chargeait de la fonction honorifique qu'est une inauguration. Nous avons mieux, maintenant. Sur un geste de l'homme, un astre obéissant dépêche ses rayons.
Autrefois, on croyait que les astres exerçaient une influence sur le cours des existences humaines. Maintenant, c'est sur les machines qu'ils agissent. Faut-il en conclure qu'ils ont déchu ? Ou plutôt qu'eux aussi ont constaté que dans le monde moderne la machine évince l'homme, et qu'ils nous dédaignent pour elles ?
Bientôt surgiront des astrologues d'un nouveau genre, qui auront pour métier de tirer l'horoscope des dynamos. « Vous êtes née quand Saturne était dans son élévation. Craignez les courts-circuits. »
Mais, puisque les astres prêtent maintenant leur concours aux travaux et aux fêtes des humains, on peut supposer que l'on allouera à chaque hôte du firmament une fonction qui lui convienne particulièrement.
La Grande Ourse inaugurera un jardin zoologique, la planète Vénus un concours de beauté, Mercure une foire commerciale. Et Mars ? Une conférence sur le désarmement, je présume.
Dans Rien que la Terre, Paul Morand déplore que notre planète, soit devenue trop petite pour son appétit de voyageur.
Nous n'en sommes pas encore aux croisières interplanétaires mais l'homme, déjà, étend sa main sur les astres. Les voici devenus nos serviteurs, nos complices et qui sait, peut-être contre leur gré ?
Par les belles nuits claires, quand nous dirigerons nos regards vers le ciel, faudra-t-il nous répéter que cette foule innombrable et étincelante n'est qu'un troupeau d'esclaves ? Et craindre que quelque comète errante les appelle à la révolte ?
Un jour, on verra, placardé sur les murs, cet avis :
SOYEZ BONS POUR LES ÉTOILES.
* * *
Extrait du site Worldfairs-Les Expositions universelles, à propos du Palais de l'électricité :
Le grand bâtiment lui-même, dans le demi-cercle derrière la cour, se connecte avec le palais de la radio et des communications. Un groupe de pylônes se dresse de chaque coté d'un bas-relief géant, de 13 mètres de haut, sur lesquelles des chiffres de tailles gigantesques sont sculptés, comme pour suggérer la force énorme qu'ils symbolisent.
L'un représente l'énergie atomique, portant l'inscription : « L'énergie est la substance de toutes choses, les cycles des atomes, le jeu des éléments sont dans des formes moulées comme par une main puissante pour devenir les fondations du monde. »
L'autre panneau symbolise l'énergie stellaire, et porte l'inscription : « La lumière est le commencement de toutes choses. Du plus grand éther qu'elle émet, formant les étoiles, répondant dans ses modèles à la majesté de la pensée créative. »
La photographie ci-dessous est extraite de ce même site.
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